Extrait du journal

Les Fantaisies de la Poste On n'en finit jamais avec les fantaisies de la poste et des postiers. Le record des retards postaux semble être détenu, aujourd’hui, par l’Angleterre : Une lettre mise à la poste à Paddington, faubourg de Londres, le 7 mars 1881, a été reçue à Chiswick (à peine une heure de tra jet) la semaine dernière 1 Elle a mis trentedeux ans pour parcourir trente-deux kilomè tres... Et la dame à qui elle était adressée est enterrée depuis cinq ans I Simplicité Le roi des Belges, qui passait par Paris ces jours-ci, est, comme plus d’un souverain mo dem'', aussi peu protocolaire que possible. Alors qu’il n’était encore que le prince Al bert, il lui arriva à ce propos une amusante aventure. Voyageant incognito, il arriva, en compagnie de son officier d’ordonnance, à la gare de Potsdam, où il remarqua que la salle d’attente était décorée de drapeaux et d© plan tes vertes. Faisant observer à son compagnon qu’on attendait sans doute quelque «rand per sonnage, il pénétra avec lui sur le quai et ils se confondirent dans la foule. Comme le train où iis s’étaient installés ne quittait pas le quai, bien que l'heure du départ fût déjà passéé depuis un bon moment, le prince des cendit pour s’informer de la cause de ce re tard. — C’est, lui répondit le chef de "are, que nous attendons un grand personnage. — Qui ça ? — Son Altesse royale, le prince Albert de Belgique. — Ah ! fit le prince, amusé, puisqu’il ne vient pas, partons ! — Impossible, monsieur, j’ai des ordres. — Oli I alors, c’est différent : le prince Al bert, c’est moi. — Allons, vous vous moquez de moi, s’ex clama le chef de gare en regardant presque avec dédain la modeste tenue de touriste de son interlocuteur. Et il fallut parlementer assez longtemps pour arriver à convaincte ce zélé fonction naire que les princes ont à notre époque le droit de s’habiller comme tout le monde. Le musée du roi d’Espagne Aucun des chefs d’Etat en exercice n’a subi plus d’attentats qu’Alphonse XIII ; aucun n’affronte les risques du métier, comme di sait le roi Humbert, avec plus d’intrépidité et de présence d’esprit. Ces terribles faits divers lui inspirent même si peu de frayeur qu’il en collectionne les souvenirs comme des objets de simple curiosité. Dans une chambre du pa lais de Madrid, il a organisé ce qu’il appelle le musée des accidents. Chaque relique a son histoire. On y voit un biberon à l’aide duquel on tenta de l’empoisonner quand il avait huit mois. Les tessons d’un vas© de verre, sur lequel il tomba, à l’âge de cinq ans, rappellent une blessure qui le mit en danger de mort. Le roi a recueilli lui-même des éclats de la bombe qui lui fut jetée à Barcelone. En sou venir de l’attentat de Paris, il conserve un panneau du landau où il était assis près de M. Loubet et le squelette du cheval d’officier qui fut tué près do la voiture. La machine in fernale dirigée contre lui dans les rues de Madrid, le jour de son mariage, est naturel lement représentée en bonne place. Autour de ces fragments sont disposés en nanoplie des poignards, des pistolets, des projectiles, recueillis sur le sol ou saisis sur les gens arrêtés à l’occasion dos divers attentats. Le roi Alphonse a également gamd soin de gar der le souvenir de ses explots de chauffeur. Quand son automobile rencontre quelque obstacle — ce qui arrive souvent, car il con duit lui-même et il est téméraire — d fait prélever un morceau (le la borne, de la mai son ou de l’arbre. Et il a déjà une fort belle collection d’écorces. Le roi se plaît beaucoup au milieu de ces reliques. Il les visite souvent, lorsque le mauvais temps l’empêche de sortir et de faire sa tournée de collectionneur....