Extrait du journal

la nature du sentiment qui les animait à l’égard l’un de l’autre. Ils étaient charmés de se voir. Ils éprouvaient de la tristesse à se quitter. Il leur semblait que leur maison était celle de l’antre, par droit inné, que cela datait de toujours et que cela toujours se rait ainsi. Elle disait de Maurice : — Je l’aime comme s’il était mon frère. Et souvent Maurice avait appelé Blan che : — Petite sœur. Amours fraternelles en effet et délicieu sement naïves ! Ils éprouvaient une sensation de plai sir à se regarder, étant beaux tous les deux, beaux de jeunesse et, il faut ajouter, beaux de bonheur. Car l’âme se dévoile et la tristesse ne sied jamais bien à nn visage jeune. Ces enfants n’avaient jamais souffert. Ils avaient eu le privilège rare de n’avoir jamais va entrer chez eux la mort. Depuis leur naissance aucun denil n’a vait frappé ni les Kerven, ni les d’Ancenis. Le duc et la duchesse de Maillepré d’un côté, le père Courtenay de l’autre, étaient désignés pour partir les premiers à cause de leur grand âge. Et leur verte vieillesse laissait néanmoins espérer qu’ils verraient les enfants de leurs petits enfants. Si les jeunes gens voyaient des rides sur les visages, ils n’y avaient jamais va de larmes,...