Extrait du journal

gesse, mais d’une phobie capable de l’en traîner aux pires extrémités, peut-être même la seule. Moscou le sait. Et c’est pourquoi l’on a vu apparaître d’abord dans les feuilles an glaises de gauche et d’extrême-gauche, puis dans les feuilles de langue française vendues ou inféodées à Moscou, le récit horrifié des méfaits de flottilles de sous-marins fantômes surgissant inopinément et simultanément aux quatre coins de la Méditerranée et coulant de pauvres bateaux innocents à torpille-que-veuxtu. Et comme l’on ajoutait que Franco ne pos sédait pas de sous-marins, ces mêmes fantômes ne pouvaient être que des « pirates italiens ». La campagne savamment orchestrée a peu à peu débordé dans la grande presse. Si l’on avait encore besoin d’une preuve du sens mou tonnier des organes dits de grande information, on le trouverait dans l’ardeur qu’ils ont mise à se jeter sur ces rocambolesques histoires sans se rendre compte que le nouveau slogan : « Sus aux pirates ! », outre qu’il est d’une absurdité totale quand il s’agit de sous-marins, ne pou vait apporter à l’opinion qu’une déception après tant d'autres. Aucun n’a fait l’effort, le petit effort pour essayer de voir clair dans ces his toires de mer, d’autant plus obscures (même lorsqu’elles se passent en plein midi) qu’elles sont fondées sur LE seul témoignage du PLAIGNANT. Que l’on s'étonne après cela que le visage de la vérité apparaisse quelque peu éborgné 1. Cet effort. Je Suit Partout l’a fait pour ses lecteurs. Nous avons rouvert le dossier des combats livrés en Méditerranée depuis le 1” août. On va voir ce qu’il reste des imputa tions qui ont rempli certaines feuilles et quelles conclusions, je ne dis pas on peut en tirer, mais s'imposent après examen de chacun des cas. Bilan des attaques Précisons tout de suite que, du point de vue international, le cas des bateaux espagnols cou lés n’a pas à être retenu, puisque les grandes puissances ont décrété qu’elles n’intervenaient pas dans le conflit, et qu’officiellement à leurs yeux il n’y avait pas de guerre au sud des Pyrénées. L’attaque ou le torpillage des ba teaux de Valence ne les regarde donc que dans ’la mesure où ils auraient lieu dans leurs eaux territoriales, dont la limite expire, comme on sait, à trois milles marins des côtes, c’est-à-dire très exactement à 5.556 mètres. Nous ne sachons pas que cette distinction entre Espagnols et étrangers ait été faite, même...