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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 14 mai 1851

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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement
14 mai 1851


Extrait du journal

L’Empereur, placé à quelque distance, vit tomber, à travers la fumée , un officier général en grande tenue, et, selon son habitude, demanda avec sa parole froide et laconique: — Qui est-ce celol-là qui tombe là bas? Allez vous en Informer ! L’officier d’état-major auquel s’était adressé revint bientôt. — Eh bien ! fit Napoléon ? — Sire, lui dit celui-ci attristé, c’est le maréchal Lannes ! A ce nom le visage de l'Empereur se rembrunit : lut qu'aucun événement ne pouvait émouvoir, sembla éprouver une secréte agitation. Cette déplorable nouvelle fut apportée à l’ambulance d'Enzerdorff en môme temps que l’annonce que le général Mouton , alde-de-camp de l’Empereur , commandant une des divisions de la jeune garde, venait d'avoir la main gauche fracassée par un grêlon de mitraille. Larrey et Ivan se dirigèrent aussitôt et résolument sur le lieu où était tombé le maréchal : Ils le placèrent sur un brancard , fait à la bâte , pour l’enlever du champ de bataille. En apercevant le triste cortège , marchant lentement, Napoléon s’avança rapidement dans sa direction, et, mettant pied i terre, se pencha sur le maréchal qui n’avalt pas recouvré l’usage de ses sens, quoiqu’ayanl déjà perdu beaucoup de sang que la chaleur avait coa gulé. Il l’appela d'une voix douce et caressante en lui disant : — Lannes !... C’est mol... c’est ton ami Bonaparte... me reconnais-tu ?... Lannes ! réponds-moi donc ? Le maréchal ne fit aucun mouvement, ne souffla pas mot, n’ouvrit même pas les yeux qu’il avait tenus fermés du moment où il était tombé soua les jambes de son cheval. L’Empereur lui adressa encore quelques paroles; mais le blessé était hors d’état de les entendre et encore bien moins d’y répondre. Et cependant les uns ont fait tenir, au duc de Montebello, dan* cette triste circonstance, des discours amers, de* récriminations personnelles ; les autres , au contraire,- ont mis dans la bouche du mourant des paroles de dévoûmeot et de reconnaissence... Il n'en est rien ; une fois frappé, Lan nes ne recouvra l’usage des sens qu’à Euxerdorff. L’Empereur fit signe aux sapeurs qui portaient le brancard de continuer leur route et recommanda chaudement le maréchal aux chlrogieos qui l’ac compagnaient. — Vous le sauverez ? dit-il à Larrey ; voua me réponde* de lui, n’est-ce pas ? ajouta-t-il, en s’adressant à Ivan. Ces deux praticiens loi donnèrent quelques espérances ; mais leurs regard* désolés disaient assez qu’il n’y avait point d’espoir. Les officiers de santé le conduisirent si bien dans cette journée meurtrière que Napoléon, touché des soins qu’ils prodiguaient aux blessés , s'écria plu sieurs fois: — Mes bons chirugiens ! quels braves gens ! Il faut l'avouer; tous méritèrent ces honorables exclamations, car on nfl...

À propos

Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.

 
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