Extrait du journal

Au jour le jour Leur siège est tait ! Nous avons eu, mardi, au Sénat, le premier débat sur la loi des Associations. Séance significative et qui ne laisse aucune illusion sur l'issue de la discussion. Le Sénat qui, dans les temps anciens, donna des preuves de libé ralisme et d indépendance, s’est montré ce qu'il est aujourd'hui, avide de persécution et im patient de servitude. En vain, avec l’autorité que lui donnent son grand âge et son titre de père de la Constitution (celte tille qui a si mal tourné) M. Wallon a adjuré les sénateurs de ne pasétrangler un débat ou les grands principes de liberté sont en cause. C'est eu vain que ce Nestor parlementaire a pro féré des parolesde sagesse et d'apaisement, attes tant les graves leçons de l'histoire que le pays et la République u ont rien à gagner à la guerre religieuse. M. Combes, rapporteur, a répondu avec un cynisme tranquille que le moment n'était plus à la libre discussion. « Dès à présent, a-t-il dit, les opinions sont faites, les positions sont prises. » Celte déclaration d'une stupéfiante impudence a paru toute naturelle aux « nègres » domes tiques du Sénat. Et M. Waldeck-Rousseau n a eu qu un mot à dire, qu’un geste à faire, l'urgence était votée parlTti voix contre 96. C’est le chiffre ordinaire des esclaves que M. WaldeckRousseau tient sous sa cravache. Et telle sera la majorité qui votera aujourd hui ou demain la loi scélérate. Après cela, M. de Lamarzelle a pu employer son beau talent d’orateur à démontrer l'iniquité du projet gouvernemental. Nos caïmans se sont offert le luxe de l’écouter à peu près en silence. Que leur importe les arguments et les raisons? Leur proie est assurée, et les défenseurs de la liberté peuvent à peine reculer de quelques heures l assouvissement de leurs appétits. Mais ce n est pas à ce parlement avili que s adresse les protestations des voix éloquentes, mais au pays où elles susciteront un peu plus de dégoût pour le régime bassement tyrannique et protondément antirépublicain que nous subissons. Et ce dégoût, cette nausée finira bien par se résoudre en des actes libérateurs. N....