Extrait du journal

PIERRE GR1MPIER. Le 12 Octobre 1774 1 tout le monde, c’est-à-dire un père, une fille et un amoureux, était bien triste dans la maison de Pierre Grimpier, pauvre vigneron à Achères près de Fontainebleau. Germain Pamoureux brave et digne garçon, journalier laborieux et rangé qui devait se marier avec Toiuette, la fille dont il est parlé plus haut, avant tiré à la milice et amené, ce qu’ou appelle un mauvais billet , allait se trouver incessamment dans l’obligation de quitter son village natal, ses travaux accoutumés, ses amours innocents et légitimes, pour être incorporé dans un régiment, et, comme on disait alors, y servir le roi, pendant huit aimées consécutives. C’était chose bien lâcheuse, car Toiuette et Germain qui comp taient sur une meilleure fortune que celle qui lui advenait, avaient bien bonne envie d’entrer en ménage, et Pierre Grimpier dont la vigueur s’en allait, avait bon besoin d’un gendre, jeune et laborieux pour le seconder dans ses travaux et l’y remplacer quand ses forces seraient épuisées. Donc, jamais mauvaise chauce n’était arrivée plus mal à propos. Aussi, comme je l’ai dit, tout le monde était bien triste, ce jour-là chez Pierre Grimpier. Germain avait le cœur gros en re gardant Toinette. Toiuette pleurait en regardant Germain ; le vieux vigneron quoique aussi, et même plus vivement affecté peut-être que les jeunes gens, faisait bonne contenance, gardait une attitude ferme...