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Journal des débats politiques et littéraires, 1 octobre 1845

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Journal des débats politiques et littéraires
1 octobre 1845


Extrait du journal

Boulogne-sur-mer, le 25 septembre. Permettez-moi, Monsieur le Rédacteur, à titre de gérant d'une filature de lin qui file 5,000 kilogrammes par jour, et dans laquelle ma propre fortune et celle de plusieurs de mes amis se trouvent tout entières, de vous communiquer mon opinion personnelle sur la question importante que vous avez si bien traitée dans votre journal du 22. Cette opinion est formelle. Il y a longtemps que, après bien des réflexions, je l'ai adoptée; et, depuis lors , tous les faits qui sont venus à ma connaissance l'ont fortifiée et confirmée. C'est par suite de cette con viction profonde que je me suis séparé de mes col lègues , formés en comité à Paris, et que j'ai refusé, il y a dix-huit mois, de me joindre à eux pour de mander une nouvelle augmentation des droits sur les fils et les toiles. A mon avis, Monsieur le Rédacteur, la législation existante sur les fils et les toiles est sage et efficace. D'un côté, elle accorde une juste compensation des charges qui pèsent sur notre industrie par suite des droits dont sont frappés à l'entrée les lins, les étoupes, les métaux, les machines, les outils, le charbon, et enfin toutes les choses qui sont nécessaires à notre production ; de l'autre , elle ne nous confère aucun privilège au détriment des consommateurs. C'est la position que devraient occuper toutes les industries ; et je n'hésite pas à avancer que, si on laisse celte lé gislation fonctionner pendant quelques années, l'in dustrie linière sera plus forte, plus prospère, plus stable que l'industrie du coton, protégée par le privi lège exorbitant de la prohibition, aussi funeste à ses propres intérêts qu'aux intérêts généraux du pays. Le seul danger que nous ayons à craindre, Mon sieur le Rédacteur, c'est une nouvelle augmentation de droits sur les articles nécessaires à notre industrie comme celle qui aeu lieu sur les machines, dont les droits, qui étaient de 15 pour 100, ont été portés à 45 pour 100 de la valeur. Cette mesure était illibérale, injuste, puisque les charges qui pesaient sur l'indus trie des machines ne s'élevaient pas à 20 pour 100 ainsi qu'il serait aisé de le prouver. Elle n'a pas ar rêté , mais elle a entravé le développement de notre industrie. Elle peut avoir pour résultat, il est vrai, d'augmenter annuellement le travail national des ma chines de 2 millions de francs au plus; mais aussi elle est cause que l'importation des fils et des toiles dépasse peut-être de plus de 10 millions celle qui aurait eu lieu si la mesure n'eût pâs été prise. La différence est autant de perdu pour le travail national. Toute mesure de cette nature nous ferait beaucoup de mal, et c'est ce que nous devons tâcher d'empêcher, au lieu de porter le gouvernement à marcher dans la fu neste voie des restrictions et des entraves, ainsi que l'y engage le conseil-général du département du Nord. C'est avec raison, Monsieur le Rédacteur, que'vous dites que l'industrie linière prend actuellement un grand développement. Sur tous les points de la France, do grandes filatures s'établissent et presque toutes sur des bases solides, tandis que, parmi celies exis tantes, il en est bien peu qui ne prennent de l'exten sion. Mais c'est surtout à Lille et dans le département du Nord que cet heureux état de choses se manifeste le plus. On n'y voit, de toutes parts, que de nouvelles filatures en construction. Comment cela pourrait-il avoir lieu si la prospérité n'était pas réelle? et si cette prospérité est incontestable, sur quelles raisons peut-on s'appuyer pour solliciter une augmentation de droits? En résumé, je trouve la législation actuelle juste pour l'Angleterre, pour la Belgique et pour nous mêmes. Il n'y aurait qu'un seul moyen de l'améliorer, ce serait de diminuer les droits qui pèsent sur les lins, les étoupes, les métaux, les machines, les pufils et le charbon, et de faire suivre cette mesure d'une réduction proportionnelle sur les droits à l'entrée des fils et de? toiles. Alors le travail national et le com-...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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