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Journal des débats politiques et littéraires, 5 décembre 1859

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Journal des débats politiques et littéraires
5 décembre 1859


Extrait du journal

Mais aussi comme on le regarde ! et comme on l'écoute ! avec quelle'anxiété nous atten dons l'autre moitié de cette espèce de créa ture-là. L'autre la voici ! C'est elle! Elle entre ! A sa démarche, à son sans-gène, à son musc, à je ne sais quoi d'immonde et de raffiné, vous comprenez que vous êtes en présence d'un monstre achevé, complet. Elle même, Albertine, elle s'est invitée en cette maison où son instinct la pousse. Après le chien sans aveu, il n'y a rien de plus habile à trouver un os à ronger que la fille errante. E11e... et le chien, ils devinent d'un coup d'œil, le chien l'idiot qu'il faut suivre, et la fille l'imbécile qu'il faut attirer. Même, à tout prendre, la fille a le coup d'œil plus juste ; elle obéit à-des indices plus certains." Elle distingue à merveille l'avarice opulente de la prodigalité sans ressource! Hélas! rien ne la gène et rien-ne l'étonné! A peine Al bertine a mis les pieds dans cette maison au pillage, à peine elle a lissé le mince ban deau de ses cheveux misérables, jeté sai son front pelé un brin de poudre qui rem place le duvet de la jeunesse, et frotté sa patte d'oie (aux deux tempes) d'une patte de lièvre, elle étudie à loisir cette maison, ce logis, ce fils qui est là, ce père absent. ; elle voit d'un coup d'œil ce qu'on dé pense ici et ce que l'on doit! Elle a flairé la dette ici, et là l'économie ; elle a compris que le fils ne veut déjà plus du dés ordre , et que le père est encore d'une bonne et facile exploitation. Voilà ce qu'elle se dit à elle-même, Albertine de La Borne, et voilà ce qu'elle explique au Tournas ébahi. « Je t© connais, beau masque ! » Elle connaît ce Tournas pour l'avoir rencontré dans toutes sortes de maisons vicieuses, rui nées ou déshonorées ! Elle le tient par sa mendicité même! Elle en fait son laquais jusqu'à l'heure où la nécessité voudra qu'elle en fasse enfin son mari. Jugez de la scène ! Albertine en même temps commande à Jo seph le domestique ; or ce domestique, aussi bien que ce Tournas, elle l'a vu à l'œuvre ! Il appartient à la race de ces valets du vice et de la prostitution qui ne sont bons qu'à pousser les malheureux dans l'abîme; et le Joseph, et le Tournas, et la fille entretenue, ils boivent à la même auge : après vous, dit...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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