Extrait du journal

Comme c'était à prévoir, le Sénat s'est dérobé devant l'obstacle. Le débat sur le vote des femmes, qui était à l'ordre du jour de la séance du 15 mars, est reporté au 2r juin. Cette fois, nous dit-on, c'est une « date , ferme ». Celle du 15 mars, non moins ferme il y a une semaine, a perdu de sa fermeté en cours de route. Le même accident pour rait bien arriver à celle du 21 juin, si là propagande en faveur du suffrage féminin ne s'affirme pas d'une façon sensible au cours de la prochaine campagne électorale. N'oublions pas que le rapport de M. Mar raud sur la quéstion a été déposé en 1927. Il en a passé 'des dates « fermes » depuis Cttte évoqué ! Là difficulté est toujours la même. Le Sénat est hostile au vote des femmes et, même, d'une manière générale, à toute ex tension nouvelle des droits féminins. Il a refusé hier aussi d'admettre les femmes em ployées comme secrétaires dans les greffes à prêter serment comme leurs collègues mas culins. L'honorable M. Duplantier les a con sidérées comme sujettes à caution au point de vue du secret professionnel. La profes sion d'avocat est pourtant plus délicate à cet égard et aussi celle de médecin. On a invoqué aussi le spectre du chômage, qui menace les hommes si les femmes ont accès aux carrières masculines. Mais en quoi le chômage est-il moins cruel pour une femme que pour un homme ? Toutes ces petites hypocrisies, bien en-, tendu, ne trompent personne, et c'est môme ce- qui fait que des hommes très courtois se. les permettent en toute conscience. Le Sénat estime, à tort ou à raison, que le vote des femmes ne sera pas favorable au parti radical-socialiste qui domine au Luxem bourg. Cette raison péremptoire l'emporte sur toute autre considération; nul n'en doute, et les intéressés ne prétendent pas s'en ca cher; mais ils sont trop respectueux des convenances oratoires pour le proclamer. -C'est par un sentiment très honorable'qu'ils' évitent le débat, et ils s'étonnent en toute bonne foi de l'insistance de mauvais goût avec laquelle on cherche à les mettre au pied du mur. Le- Sénat aime mieux man quer de parole que de correction. A. A.-P....