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Journal des débats politiques et littéraires, 26 juin 1856

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Journal des débats politiques et littéraires
26 juin 1856


Extrait du journal

(2) Nous ne nous exagérons pas la portée de cette première observation-, cependant il y a quelque valeur dans le raison nement qui suit : Rome est demeurée jusqu'à ce jour une ville lettrée, savante et artiste, donc c'est une ville heureuse: plus heureuse que les pays qui n'ont pas su se maintenir dans ces conditions florissantes. Ce ne peut être là le partage d'un peuple poursuivi par la misère ou abaissé par l'opprèssiou; il l'aul, pour réussir if ce poiut dans ces nobles et paisibles carrières, une siluation favorable à l'élévation de la pensée et à la liberté d'esprit. Ce qui au contraire en détourne et en dégoûte les peuples épris de la civilisation moderne, ce sont les soucis de la vie positive, ce sont les cupidités et les ambilious de la vie sen suelle, enfin ce sont les agitations et les abaissemens de la vie terrestre. Autrefois- en France, comme maintenant à home, les lettres, les sciences, les arts étaient vraiment une carrière, mainteuant ils ne sont pour ainsi dire plus qu'un instrument1; autrefois ils avaient pour privilège d'élever l'es prit, maintenant ils ont pour condition de servir la matière. Autrefois on leur disait : Soyez l'ornement du monde, c'est là votre mission ; maintenant ou leur dit : Que rapportez vous? vous n'avez de valeur que ce que vous produisez d'ar gent. Voilà où nous sommes descendus, et voilà ce que l'on voudrait porter ailleurs comme un progrès! (3) Que celte fidélité aux moindres usages se maintienne dans dis pays isolés que traversent à peine de loin en loin quelques rares voyageurs, on ne saurait rien en conclure, puisqu'un peuple ne peut désirer ce qu'il ne connaît pas ; mais le peuple ne Rome connaît tout, car il voit tout : il voit toutes les nations les plus civilisées de la terre, rcptésenléis par ce qu'elles ont de plus opulent et de plus recherché, y apporter leurs splendeurs et leurs modes, leurs exigences et leurs délicatesses, leurs préjugés et leurs séductions. Pour quoi donc ne leur emprunte-t-il rien, sinon parce qu'il ne leur envie rien? (4) Le système qui supprime absolument la mendicité et qui remplace les aumônes volontaires par des secours offi ciels à la charge des deniers publies, est généralement re gardé parmi nous comme une améjioraliou sociale. C'est là une question que l'avenir est chargé de résoudre. Ce qui est certain, c'est que quand les pauvres sont trop nombreux et les peuples trop pervertis, if pourrait y avoir un danger pu blie à permettre la mendicité sans réserve, et ce peut être alors un devoir pour les gouvernentens de l'interdire. C'est ce qui explique très bien les mesures prises parmi nous; mais ce danger n'existe pas à Rome, et cela seul indique assez que les pauvres y sont m'oins nombreux et le peuple, meilleur. Nous avons en France et bien près de nous des villes où le uombre des pauvres est dans une proportion de un et plus sur trois habilans. Que deviendrait-on s'ils étaient libres de se répandre dans nos rues pour y assiéger les passans de leurs demandes continuelles et de leurs sollicitations menaçantes ? Ah! si l'on voulait à Rome faire la critique de notre situation, que n'aurai t-ou pas à dire!...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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