Extrait du journal

La Commission d’enquête est arrivée au terme de ses augustes travaux. Il s’agissait de savoir qui s’était permis de protéger Rochette et de favoriser ainsi scs opéra tions. M. Jaurès a présidé cette commission avec l’autorité d’un homme qui, dans la commission précédente, avait poursuivi un but diamétralement opposé. On se rappelle, en effet, que le leader collectiviste et la commission de 1910 de mandèrent tout d’abord un compte sévère à M. Clemenceau, à M. Lépine et à quel ques magistrats de leur conduite envers Rochette, arrêté — le pauvre ! — au mo ment le plus intéressant de ses émissions de titres de tout repos. 11 fallait d urgence lui rendre celte liberté dont il allait faire un si bon usage. Que M. Jaurès et plusieurs des commis saires enquêteurs qui étendirent sur l'escroc leur bonté tutélaire n’aient éprouvé aucun embarras à faire une autre enquête en sens inverse, on se l’explique sans difficulté.C’est aux contradictions de cette sorte que l’on reconnaît les hommes supérieurs. M a 1 heureusement, la lecture des procèsverbaux de toutes les séances a permis de constater qu’il y avait dans ce tribunal par lementaire quelques braves camarades plus soucieux de replonger la Vérité dans son puits «pie de l'en tirer toute nue. Cette préoccupation se manifestera de nouveau quand les conclusions de* la com mission seront portées devant la Chambre. Là encore, les laits essentiels, démontrés et reconnus par les accusés eux-mêmes,seront noyés sous des torrents d’interruptions et de remarques incidentes propres à obscur cir la réalité. On braillera, on fera claquer les pupitres, on ne s’avisera pas de garan tir l’indépendance des magistrats vis-à-vis des hommes politiques. Bref, il n'y aura rien de changé en France ; il n’y aura qu'un journaliste de moins. Celui qui vient d’être assassiné....