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La Croix, 5 novembre 1909

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La Croix
5 novembre 1909


Extrait du journal

Il est une parole prononcée par le président du Conseil, dans son discours de Périgueux, que MM. les sénateurs devraient relire et méditer au moment où ils s’apprêtent à commencer la dis cussion de la loi sur les retraites ou vrières. « Je ne crois pas, a dit M. Briand, qu’on puisse réaliser des réformes au delà du degré d’évolution auquel est arrivé un pays, ni au delà de ses fa cultés financières. Une réforme n’es U viable que si elle correspond à un désir du pays. On peut voter une loi, 4a pro mulguer ; elle risque de rester lettre morte si elle ne remplit pas les condi tions que je viens d’indiquer. » Je ne veux pas rechercher si les mil lions nécessaires au fonctionnement des retraites ouvrières n’excéderont pas les facultés des contribuables français. Je me bornerai à dire qu’il est permis d’en douter lorsqu’on voit le budget dépasser les chiffres formidables de 4 mil liards, et les difficultés que rencontre M. Cochery pour trouver les 200 mil lions qui lui manquent pour boucler son budget. Ce que je me demande, c’est si la loi des retraites ouvrières, telle qu’elle se présente devant fle Sénat, remplit cette condition signalée par M. Briand comme nécessaire au succès d’une ré forme, savoir si elle correspond vrai ment au désir du pays. Le pays a été consulté par deux fois sur les retraites ouvrières ; une pre mière fois en 1901, à la suite d’un vote de la Chambre, qui prescrivit « que les associations professionnelles, patronales et ouvrières, industrielles, commer ciales et agricoles, et les Chambres de commerce, seraient consultées sur le projet de loi relatif aux retraites ou vrières actuellement discuté ». La caractéristique du projet de loi qu’on discutait alors, c’était l’obligation pour l’ouvrier d’effectuer un versement de 5 ou 10 centimes par jour, suivant son salaire, en vue de se constituer une retraite, et pour le patron de faire un versement égal à celui de l’ouvrier. On n’a pas oublié le résultat de cette première consultation ; il fut écrasant pour le projet de loi : près de 90 pour 100 des associations consultées se pronon cèrent énergiquement contre certaines dispositions de la loi, et notamment contre le principe de l’obligation. Devant cette protestation, aussi formelle que spontanée, ‘le projet de loi disparut de l’ordre du jour, et 4a loi sur les retraites ne revint devant la Chambre qu’à la fin de la législature suivante, en 1906. C'est alors que fut voté ce projet de loi dont M. Clemenceau a dit un jour à la tribune « qu’il était de la poudre jetée aux yeux des électeurs ». C’est ce projet qui a été envoyé au Sénat et qu’une de ses Commissions examine depuis bientôt quatre ans. Après des discussions prolongées, après bien des hésitations et de nombreux pourparlers avec le gouvernement, la Commission a élaboré un projet nou veau qui transforme de fond en comble celui de la Chambre et lui est, à certains égards, de beaucoup préférable. Il élève l’âge de la retraite à 65 ans ; il abaisse le minimum de la retraite de 360 à 260 francs, et partant il diminue dans...

À propos

La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.

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