Extrait du journal

On connaît les mauvais et touchants vers : Deux cortèges se sont rencontrés à l'église... Suit Yhistoire d’un cercueil d’enfant qui croise, sous le porche du sanctuaire, an baptême. A la eue du noue eau-né, la mère en deuil sourit dans ses larmes... L’autre maman pleure sur le cercueil... C’est émouvant ; mal rimé ; assez in vraisemblable. Mais ce contraste frappant, cette trou vaille allégorique du poète me hantent depuis dimanche... Depuis l’heure où Fimmense cortège rouge, dit « funèbre », a passé sous mes fenêtres... Je revois cette fresque pitoyable et lugubre... Derrière les corbillards, écrasés de fleurs et de couronnes pourpres — cou leur de sang — s’étire la masse flasque, composite. On déroule le répertoire des slogans sinistres : Raccourcir... Casimir ! Doriot... âu jpoteau ! On fume ; on chante ; on se détache pour aller vider un demi sur le zinc proche. On porte les enfants à califour chon. On interpelle les a copains » ac crochés aux arbres, aux toits des vespa siennes. Quand la blague est hop drôle, on rit, Et F on reprend en chœur : On en f’ra du saucisson Ton...taine I Toutes choses bien faites, n est-ce pus ? pour meubler la détresse des ma mans et des épouses de ceux qui sont tomhés Clichy,,, : * Le calme, soudain. Dans an tronçon de cortège, tout au moins. Un auhe cortège débouche d’une rue, â côté. Et quel cortège ! Une « bonne Sœur » et ses vingt orphelines, en noir, qui vont aux Vêpres. Et qui doivent fendre Fénorme masse communiste.' .Les camarades « responsables » hésitent. Mettez-vous à leur place l Em bêtant, ce petit bout de femme en cor nette avec ses gosses!' Un commissaire aur brassard rouge se décide, ouvre les rangs. La « bonne Sœur » passe, blanche, très digne, les doigts sur le - rosaire ; lés enfants, calmes, sôres1 de là force de leur « Sœur Louise ». De celle qui remplace leur maman. * * • C’est tout. Mais comprenez-vous pourquoi je pense aux deux cortèges du poète ?... Le cortège de ces gamines en non qui vont prier. Et qui sont la vie... Le cortège de ces 300 000 ou 400 000 fanatisés qui hurlent frénétique ment à la vie. Et qui vont à la mort... Louis Brunet....