Extrait du journal

Les catholiques qui rêvent d'éviter la persécution en faisant là bouche en cœur & tout le monde n’ont qu’à méditer ce qui arrive pour Saint-Cyr. Comme le faisait remarquer notre ré dacteur en chef, rarement une mesure fut moins provoquée, et rarement l’hypo crisie franc-maçonne ne s’étala avec un plus impudent cynisme : on félicite l’officier et on le chasse, comme on dé core la sœur d’hôpital qu’on expulse. Aussi, de quelque côté que se tourne le catholique en France, il est le paria, il est le hors la loi ; tout pour les autres, rien pour lui, si ce n’est la haine inlas sable et la guerre sous toutes ses formes. 11 faut que le catholique se cheville bien cela dans la tête : « On ne me don nera que co que je prendrai, et je ne garderai une parcelle de liberté qu’à la condition d’être perpétuellement sous les armes pour la défendre t » * • * T ' Le catholique est donc essentiellement un être de lutte, car il est toujours at taqué; il est le signe de contradiction, l’expression vivante du Christ, cible per pétuelle de Satan. Qu’il en prenne donc son parti résolu ment, et, puisqu’il faut se battre, qu’il se batte! Au siège de Numance, les soldats de Scipion, découragés par des luttes de tous les jours; refusaient d’avancer. Sci pion les condamna à creuser sans fin des tranchées autour de la ville : « De la boue, dit-il, à ceux qui ont peur de la bataille! ». Sous une autre forme, Kant exprimait la même idée : « Si vous vous faites ver, ne vous étonnez pas d’être écrasé ! » [Et cette constatation résulte de l’exa men le plus froid, le plus impartial de la situation Réfléchissez, catholiques, et voyez tous les sacrifices pénibles faits depuis trente ans pour désarmer la haine maçonnique; nous sommes allés jusqu’à épier le regard de nos ministres, et, au moindre signe de détente, nous nous sommes trouvés prêts à toutes les com plaisances permises. Mais,'à nos bras tendus on a toujours invariablement répondu par une volée de bois vert;.on a joué avec le catholi cisme comme le chat avec la souris ; on a épuisé en nous jusqu’à la possibilité d’espérer... « * : Aussi, n’espérons plus rien... que 4e Dieu seul ! Nous sommes vos soldats, ô Christ, dans l’écrasement de nos rêves, comme nos pères lo furent dans la yictoire; nous savons que les hommes pas sent, et que vous les jugez au poids de leurs œuvres et non à celui de leur succès. Faites que nous ne refusions pas le travail... que nous soyons grands devant la persécution... Faites que l’amour de l’argent ne dessèche pas nos cœurs, et que nous attendions, pour nous reposer, le jour du Requiem œternam promis à l’ouvrier tenace qui mène sa charrue jusqu’au bout du monotone sillon. Catholiques, debout et... aux œuvres! Et, par œuvres, j’entends votre sanctificationpersonnelle,d’abord et avant tout: un chrétien ne fait rien de bien quand il est mal avec son Dieu; et puis, regardez...