PRÉCÉDENT

La Croix, 29 septembre 1900

SUIVANT

URL invalide

La Croix
29 septembre 1900


Extrait du journal

C’est un singulier effet de la civilisa tion : on gémit, en se disant ruiné, quand une récolte est trop abondante! Pendant que les uns se plaignent du trop peu en céréales et en fourrages," les autres gémissent de l’excès de générosité de la nature à leur égard. La vigne abondante, signe de bénédic tion dans la liturgie, est dans la réalité une cause d’alarmes pour ceux qui vivent du produit de son jus. Les producteurs de fruits de toutes sortes en disent tout autant: rien ne peut se vendre! La Providence, en les faisant trop riches, les appauvrit. En cela apparaît la différence de l’ai sance et de la richesse. L’aisance, c’est avoir l’utile et même l’agréable; plus le sol est généreux, plus s’accroît l’aisance : l’aisance de celui qui consomme ses pro duits, le bien-être général! ; La richesse cherche à vendre, et pour vendre il faut que les uns possèdent la marchandise dont manquent les autres. Vérité de La Palisse! mais qui donne la clé de toutes les crises de mévente : on produit sans mesure avec l’espérance de vendre beaucoup et d’obtenir de gros revenus; comme tout le monde fait le même calcul, la contre-partie de l’offre ne se trouve plus. On produit, non en vue de l’aisance, mais en vue de la richesse résultant de grands débouchés. Les débouchés sont encombrés et ne profitent plus à per sonne : c’est la ruine et la perte des avances. La production, en industrie comme en agriculture, est livrée à la fantaisie de chacun, et il se produit ceci : Quand un genre d’entreprise réussit à quelqu’un, les imitateurs arrivent si nombreux que ce genre d’entreprise est ruiné. Le bateau sombre: tout le monde s’est jeté du même côté Certaines branches de l'agricuitttre menacent, par cette cause, d’être com promises : notamment la production des fruits. Le marché de cet article est très important, mais cependant limité : on a planté dans certains départements comme s’il ne l’était pas. A la suite de la destruction des arbres par les grands hivers, l’étendue des ver gers s’est plus que doubléo. L’Etat s’en est mêlé et les routes ont donné un appoint considérable. Qu’est-il arrivé dans l’Est, notamment? La majeure partie de la récolte n’a pu se vendre à aucun prix. N’en a-t-il pas été de même pour la vigne? En étudiant les vignobles, s’eston assez préoccupé de la consommation possible? Cette consommation s’est trouvée res treinte par bien des causes : la concur rence croissante de la bière, du cidre, celle des produits étrangers et des vins artificiels, celle surtout de l’eau-de-vie et des apéritifs. ’ S’est-on suffisamment demandé si toutes les espèces de vins seraient égale ment admises par la consommation cou rante? Une Commission pour les vins à l’Expo sition de 1889 le disait, en gémissant de l’ardeur excessive que l’on mettait, dès cette époque, à la reconstitution des vignobles phylloxérés : « Nous ne ces sons d’avertir les intéressés de tenir compte des exigences nouvelles de la consommation, au sujet de certaines na tures de vins, au sujet de l’inévitable désastre de la surproduction: on ne nous écoute pas I » Qu’on ne s’y méprenne point! Notre ardent désir serait de voir surabondam...

À propos

La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.

En savoir plus
Données de classification
  • ferrata
  • jésus-christ
  • mathieu
  • paul féron-vrau
  • richard
  • trarieux
  • jaurès
  • singer
  • lords roberts
  • roland
  • france
  • rome
  • paris
  • transvaal
  • bordeaux
  • fa
  • saint michel
  • saint pierre
  • aix
  • chine
  • congrès socialiste international
  • eglise catholique
  • bayard
  • cologne