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La Croix, 7 mai 1911

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La Croix
7 mai 1911


Extrait du journal

tourne sains fin- du côté extérieur de la grille de la colonne de la Bastille, en hurlant : « Les lâches, ils m'ont en fermé !.. » Puis une sarabande effrénée de con cierges, de modistes, de chiens, de cy clistes... Rondouillard exulte ; sa chaîne dé montre bondit, rebondit, tintinnabule sur son ventre secoué d’éclats de rire. ... Ah ce qu’ils sont loin les religieux!., ce que c’est plus gai !.. Et même, au fond, si on le poussait,... lui, Rondouil lard, avouerait qu’on a peut-être bien fait de les balancer tous ces Capucins là... L’ennui, c’est la mort !.. Et vas-y donc... c’est pas ton père !.. » « fit cela se termine vers onze heures et demie, sur une scène croquante... Aïe !.. mais enfin on n’est pas des Capucins !.. Et il faut que Louloute sache la vie... la vie réelle... Dans la rue, on prend bien garde de s’enrhumer. — Veux-tu encore un jujube.. ? pré cisément, j’étais assis sur le sac, ils sont tout chauds... Le boulevard des Batignolles est presque désert. Encore quelques pas... et on arrive à la maison. L’escalier est noir, mais Rondouillard, né malin, s’est muni d’un bout de bougie et d’allumettes. Tototte a même fait la couverture avant de partir, ■ on n’aura plus qu’à s’étendre dans son bon dodo, et à s’endormir, l’esprit tout guilleret des hautes pocharderies qu’on a savourées. —- Nous y sommes !.. Attention à la dernière marche !.. Mais qu’est-ce qui se passe.. ? Oh ! !. Elle est forte, cellelà ! !. — Quoi donc.. ? — 'Notre porte qui est ouverte ! !. —- Ouverte. ! !... . — Tiens, regarde.. ? — Tu l’avais fermée ?1 — A double tour avec la combinai son... — Sûrement.. ?. — Sûrement !.. — Alors ! mais alors !.. n’entre T'*“* 1 1 Vite... le concierge !.. ■"# , Le concierge est accouru en pantalon et en chemise avec un marteau, puis ia concierge, et des voisins... Revolver au ■poing, en faisant un bruit énorme, on entre dans le petit appartement. Horreur ! !. abomination, de la désola tion ! !. miter®, et massacre ! !,, Pour de la belle ouvrage, c'est de là belle ouvragé !. (Gomme u® vulgaire Capucin, Ron douillard vient d’être désaffecté !.. Mais là, désaffecté proprement... Gombes n’eût' pas mieux fait. En trois heures, les cambrioleurs ont tout ouvert, tout visité : les armoires sont fracturées, les tiroirs renversés, et, sur tout, le .petit coffre-fort qui contenait tout le saint-frusquin, titres de rentes, livret de Caisse d’épargne... le petit coffre-fort, centre, cœur, espoir de tout... il gît làdans la cuisine, éventré, vidé comme un lapin... « Rondouillard, lui aussi, gît sur une chaise, les bras ballants, le ventre des cendu sur les genoux... , On lui fait respirer du vinaigre, on lui frappe dans les mains. Mais il ne peut proférer que de vagues exclamations in dignées : ... Ah mais !.. ah mais !.. ... Dans quels temps vivons-nous !.. ... On n’a jamais vu ça !.. ... Que vais-je devenir !.. ... Comment, cet argent qui lui appar tenait à lui, Rondouillard... on a osé le lui prendre, le lui soulever, à la barbe du ciel et de la terre !.. en plein ving tième siècle !.. Il n’est pas un Capucin pourtant, lui !.. ... Mais qu’est-ce qu’il f donc les agents de police, et le commissaire... et le gouvernement ! !... Sûr qu’ils ronflent comme des toupies, pendant qu’on dévalise les honnêtes gens... ceux qui ne demandent rien à 'personne ! !. Et la jeune Louise que le souvenir du couvent volé n’a pas cessé de hanter, songe qu'eu somme son père exagère. Sans doute, on l’a volé. Mais on, ne l’a pas traité comme un Capucin... oh non alors !.. Car, dans ce cas, les cambrioleurs s© seraient tout simplement installés là; en plein jour, sans précautions nocturnes, en leur fermant.la porte au nez ; et le gouvernement les aurait peut-être déco rés ! Et elle n'est pas même sûre, la petite Louise, qu'on aurait permis aux infortu nés Randouillard de couoher sous les ponts. Car à trois... bigre !. c’est presque une Congrégation !.. Pierre l'Ermite....

À propos

La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.

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