Extrait du journal

Je remercie M. G. Clemenceau de m'éclairer complètement sur les conséquences de la thèse qu'il soutient .et sur les suites habituelles des arrêts de la Cour suprême. Quand M. Clemenceau s'étonnait que je m'informasse de l'innocence de Dreyfus avant de m'informer des vices de la procédure ; quand il ajoutait que la loi est l'outil indispensable pour démontrer la culpabilité d'ua prévenu, je croyais comprendre qu'à l'avis de M. Clemenceau cette culpabilité n'existe plus, du moment que la loi n'a pas été appliquée. M. Clemenceau m'apprend que je me suis mépris sur sa doctrine. Tant mieux! Il veut bien réapprendre, en outre, que la fin ordinaire des arrêts de Cassation est le renvoi devant un nouveau tribunal. De cela, je m'en doutais, avec cette réserve pourtant, que d'après l'article 477, « lorsque l'annulation dun arrêt -ne laisse rien subsister qui puisse être qualifié crime -ou délit, aucun renvoi n'est prononcé ». Si la doctrine que je prêtais à M. Clemenceau avait été réellement la sienne, et s'il avait fait table rase de la culpabilité de Dreyfus, le renvoi cessait d'avoir lieu. De là mes suppositions....