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La Gazette, 16 février 1906

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La Gazette
16 février 1906


Extrait du journal

rieuses victimes de la justice républi caine, mais je demande a notre secré taire général de vouloir lien m autori ser à revendiquer le droit que me donne une vieille amitié dont les liens ont été resserrés par les épreuves partagées de l’exil,pour vous nommer moi-môme mon brave petit ami Louis Buffet qui,en dépit de ses quatorze ans à peine sonnés, a su inspirer as*ez de crainte aux policiers de la République pour mériter les hon neurs d’une arrestation. Comme je m’é tais permis de lui adresser, par télé gramme, mes chaudes félicitations, il me répondit par une charmante petite lettre dans laquelle il me disait : « Ce n’ast pas bien effrayant d’être arrêté, et surtout ce n’ost pas difficile, il n’y a qu’à dire ce que Von pense. $ En effet, c’est fort, simple mais, malgré tout, jo connais, pour ma part, nombre de gens qui ont bien plus de quatorze ans, et qui ne trouvent pas cela si facile que cela de dire tout liant ce qu’ils pensent. Je prie encore, M. de Montesquieu de me permettre une autre incursion sur le domaine qu’il s’est réservé pour vous révéler une découverte que j’ai faite ce matin mémo dans le parloir de la rue des Postes en parcourant la gale rie des portraits de nos anciens camara des tués à Vennemi. Je m’étais arrêté devant la photographie d’un sous-lieu tenant d’infanterie dont la haute mine, l’air crâne ei décidé m’avaient frappé et en ivgardant au bas du cadre j'y aperçus quelques lignes que je no pus lire sans une profonde émotion. Elles reproduisaient les dernieres paroles adiessées par ce jeune officier mortellement frappé à Grave lutte aux soldats qui s’empres saient à lo relever ; « Reprenez votre » place de bataille, conduisez-vous en » Français comme si j’étais là. A vaut de » vous éloigner, tournez moi U tête du D côté du combat, afin que je puisse i> voir si nous avons la victoire. Vous » direz à ma mère, que son fils est mort » en soldat et en chrétien ». Je veux espérer, Messieurs, que ie vœu de ce jeune héros aura pu être exaucé, que de ses yeux mourants il aura pu contempler le succès hélas ! trop éphémère, remporté ce jour là par nos armes et que pour cette âme de soldat qui s’envolait ainsi au ciel au milieu des fumées de la bataille, celte joie aura été le prélude de celles que Dieu réserve là-haut aux braves qui sont tombés en défendant leur patrie. Et maintenant voulez-vous savoir com ment se nommait celui qui tenait ce si fier langage, c'était le lieutenant de Vesins, du 09e de ligne, mort pour la France, à l’âge de vingt-cinq ans Si vous rapprochez les accents de cette voix restée si mâle au milieu dos affres de l’agonie, de ceux qui se faisaient en tendre l’autre jour, devant la tribunal de Versailles, si vous comparez les pa roles de ce Vesins, expirant sur ie champ de bataille, à celles de cet autre Vesins, adressant à ses juges les fières répliques que vous savez, de tout ce que je viens de rappeler, vous conclu rez avec moi, j’imagine, que pour tes enfants do quatorze ans, comme pour les hommes faits le vieil adage est tou jours vrai : Bon sang ne peut mentir. Après 1 hommage si mérité que nous venons do rendre à ceux oui ont agi avec tant de vigueur et d’énergie, vous trouverez peut être illogique qu'on vienne vour convier au pacifique travail de la pensée. Mais si vous voyez là un*t contradiction, elle n’est qu’apparente, il vous sera facile de vous en convaincre. L’acte vigoureux, ou même au besoin violent, ne saurait être déterminé que par des convictions profondes et solide ment enracinées. Et de même, pour être efficace et énergique, toute action doit avoir un but parfaitement déterminé et net tement aperçu par tous. Eli bien, mes sieurs, notre œuvre a pour objet do faire naître dans les intelligences et dans les cœurs les convictions dont je parlais tout à l’heure,de faire également discerner le but vers lequel doivent tendre les efforts de tous. C’est ainsi qu’elle a répondu par avance à l’appel que Monseigneur le duc d'Orléans adressait récemment aux Français de bonne volonté en les invitant à revenir à la Vérité politique. Faire connaître la Vérité politique, la chercher non pas dans les rêveries abstraites de cerlains cerveaux étrangers aux sentiments et aux aspirations de notre race, pas plus que dans les nuées dont a parlé0', souvent mon éminent ami Charles Maurras,dans ces nuées qui voilent aux yeux d’un si grand nombre les réalités essentielles, mais dans l’observation désintéressée loyale et sincère des faits, dans tout ce qui jadis a conditionné F existence d’une nation comme la nôtre, dans tout ce qui constitue son caractère propre, la...

À propos

La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.

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