Extrait du journal

J'ai été avec Tout-Paris faire mon petit tour à l'Exposition Canine, sur la terrasse de l'Orangerie. C'est un- lieu fort select où se donnaient rendez-vous chaque jour, pendant cette dernière quinzaine, beaucoup de parisiennes de tout âge et de tout acabit, venues les unes du faubourg Saint-Germain, les autres de la plaine Monceau et du quartier Marbeuf, c'est-à-dire appartenant aux meilleurs mondes, à l'entier comme au demi. Quelques-unes étaient jeunes et vraiment jolies, mais il y en avait pas mal d'avariées: des mûres et même des blettes, la passion pour le petit chien ayant une tendance à se développer, surtout dans les âmes qui n'ont guère plus rien à espérer des autres passions. On se console en effet comme on peut d'avoir perdu l'amour des hommes : il y en a à qui la religion offre un dérivatif puissant, il y en a d'autres qui trouvent un refuge dans l'affection des levrettes en paletot, des king-Cliarles, des loulous et autres bestioles à quatre pattes. C'est là un terrain sentimental, sur lequel se rencontrent les nobles douairières et les marchandes à la toilette. Dès que le cœur est en jeu, toutes les femmes, à quelque société qu'elles appartiennent, traversent les mêmes étapes et aboutissent au même dénouement. Le a toutou » est une des formes de ce dénouement ; on l'observe...