Extrait du journal

convoitise; mais elle n’a jamais passé des intentions aux actes, et, en somme, elle en sera pour ses frais d armement et de mobilisation, qui ne sont pas min ces, et qui grèveront lourdement son budget. Or, la Grèce, après s’être fait tirer l’oreille, a fini, cédant aux conseils amicaux de la France, par déférer aux représentations des puissances. C’est juste ce moment que celles-ci choisissent pour la punir de son acte de raison en lui imposant des conditions humiliantes et en la froissant dans son amour-propre national, comme si quelque génie malfaisant avait rêvé de l'exaspérer et de la pousser à quelque hé roïque folie ! 11 ne suffit pas qu’elle désarme : il faut qu elle désarme dans un délai donné ; il faut qu’elle fasse une sorte d’amende honorable dictée par les puissances. A-t-on rien fait de pareil pour les protégés de M. de Bismarck ? Pas le moins du monde. Plus nous réfléchissons sur cette étrange conduite, et plus nous nous confirmons dans notre première impression que l’Europe, et notamment les empi res du Nord unis par la triple alliance, n’agissent que par dépit et par colère. On nous en veut de nous être relevés rapidement, et de nous èt re rele vés par la république; on nous en veut d’avoir re conquis notre prestige et notre influence, d’avoir agrandi nos possessions coloniales, d'être redevenus une grande nation dont les conseils sont écoutés et suivis, et, faute de mieux, c'est sur les malin ureux Hellènes qu'on se venge du succès diplomatique de notre ministre des affaires étrangères. Mais cette mauvaise humeur ne saurait être que passagère, et nous comptons bien que la Grèce sera assez pru dente pour comprendre la situation et qu’elle ne fournira pas à nos envieux l'occasion de tirer à boulets pour enfoncer la porte qu'elle a si largement ouverte....