Extrait du journal

Le Sénat en a fini hier avec le budget des dépenses; mais il a terminé la discussion comme il l’avait commencée, c’est-à-dire en écoutant des homélies théologiques et dévotes, alors qu’on pouvait s’attendre à Je voir s’occu per, avec le même soin que la Chambre, des dégrèvements d’impôt et des intérêts financiers du pays. On se doute bien que c’est à propos des éternelles réclamations d’argent faites par la droite en faveur du clergé que ie débat a été maintenu sur le terrain religieux. M. Lucien Brun est venu demander la suppression d’un article, voté par la Chambre des députés et légèrement modifié par la commission du Sé nat, en vertu duquel les séminaires dont la direction et l’enseignement sont confiés à des Congrégations non reconnues par la loi ne se ront pas admis à la répartition des bourses de l'Etat. Suivant l’orateur clérical, l’évêque seul a le droit de contrôle sur ce qui se passe ou se dit dans les séminaires; l’Etat doit payer et fermer les yeux. Un sénateur du centre gauche, M. Dauphin, qui paraît être un catho lique ga’lican, a réfuté les arguments de M. Lucien Brun, et lui a précisément opposé les préeé ents de la Restauration que nous rappe lions hier. Au vote, M. Lucien Brun a été battu, et la rédaction de la commission l’a emporté, mais à trois voix de majorité seule ment. L’ensemble du budget des dépenses a ensuite été adopté à la majorité des votants. Il est possible que, dans la prochaine séance, le Sénat aborde le budget des recettes, qu’il fera passer avant la loi sur l’amnistie. A la Chambre des députés, la séance s’est ouverte par un incident qu’avait soulevé M. Cunéo d’Ornano. Le député charentais, es timant que les républicains ne peuvent être utilisés que comme chair à pâtée, n’entend pas...