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La Petite Gironde, 28 mars 1878

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La Petite Gironde
28 mars 1878


Extrait du journal

justifié la loi en faisant l’historique des innom.‘brables poursuites qui ont été dirigées par le gouvernement du 16 Mai contre les républi cains, c’est-à-dire contre les citoyens qui sou tenaient et défendaient alors le gouvernement légal du pays et la Constitution. Si durant cette période de crise, pendant laquelle nous avons vu le pouvoir couvrir de sa protection et de sa tolérance les partis monarchiques ligués contre la République et réserver toutes ses rigueurs contre les défenseurs de la léga lité et de nos institutions ; si durant cette période néfaste la presse républicaine s’est laissée aller à quelques vivacités de polémique, n’a-t-elle pas son excuse dans la scandaleuse résurrection de la candidature officielle, « cette veuve mal famée de l’empire », et n’est-il pas juste de lui tenir compte de cette circonstance atténuante? On a prétendu que l’amnistie telle qu’elle est limitée par le projet de loi est une attaque à la magistrature ; M. Pelietan a fait bonne justice de cette interprétation. L’amnis tie est une mesure nécessaire de réparation, qui ne peut en rien porter atteinte à l’autorité de la magistrature. C’est, d’ailleurs, le régime du 16 Mai qui a affaibli dans le pays le respect dû. aux décisions des tribunaux et aux magistrats, en introduisant la politique dans le domaine de la justice. M. de Broglie a répondu à M. Pelietan. Nous n’analyserons pas son discours ; on n’analyse pas le vide. Il n’y a rien, en effet, dans cette réponse que des affirmations ou des dénéga tions sans preuves, qu’une apologie préten tieuse du gouvernement du 16 Mai. M. de Bro glie ne voit dans le projet de, loi qu’une œuvre de représailles. Si les républicains voulaient réellement l’apaisement, au lieu de proposer une loi d’amnistie qui est moins une mesure de réparation qu’un acte de vengeance, ils ten draient la main à leurs adversaires vaincus et ils ne réveilleraient pas les souvenirs d’une lutte au milieu des entraînements de laquelle tout le monde a commis des fautes. Il faut, en vérité, que M. de Broglie soit doué d’une audace sans pareille, pour oser tenir aujourd’hui un pareil langage ! Comment ! c’est lui qui se permet de faire de la sorte la leçon aux républicains! Quoi! après la bataille nous devions relever les •vaincus, tendre la main à nos persécuteurs, et passer généreusement l’éponge sur leurs faits et gestes ! Mais M. de , Broglie et ses complices ont-ils procédé ainsi quand ils ont été au pouvoir ? Se sont-ils mon trés généreux? Ont-ils tendu la main à leurs adversaires ? Voilà bien l’éternelle prétention des réactionnaires. Sont-ils les maîtres, ils nous traquent, ils nous poursuivent, ils nous frappent sans pitié ; sommes-nous victorieux, ils nous dénient même le droit de réparer le mal qu’ils ont fait. Ils peuvent être impuné ment implacables ; mais nous, non-seulement nous ne devons pas exercer sur eux de justes représailles, mais notre devoir est de fermer les yeux sur leur conduite et de les traiter en amis. Dans la bouche de M. de Broglie, ce lan gage est plus agaçant encore que dans la bouche de tout autre. M. Savary, sous-secrétaire d’Etat au minis tère de la justice, a fort bien répliqué au chef du ministère du 16 Mai, en démontrant que la loi n’était point une œuvre de vengeance, mais seulement une œuvre d’oubli. En présentant cette loi, le gouvernement n’a point voulu mettre le Sénat en demeure de se prononcer sur la politique du 16 Mai. Cette politique a été jugée et condamnée par le suffrage uni versel. Le gouvernement ne demande au Sénat que de s’associer à une mesure profondément libérale, dont la nécessité est évidente et qui doit avoir pour effet d’ouvrir une ère d’apaise ment. Ce n’est pas une capitulation qu’on lui demande, mais bien un acte de juste répara...

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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