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La Petite République, 3 août 1903

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La Petite République
3 août 1903


Extrait du journal

La journée d’hier fut mauvaise pour la po lice des mœurs : en même temps que l’au dience do la 9e chambre appelée a se pronon cer sur l’affaire Forissier, remémorait à tous la façon dont les agents de M.Lépine traitent les honnêtes femmes, un péniple incident soulignait, sur le quai de l’Horloge, les pro cédés inhumains dont sont victimes les pros tituées. Au milieu d'un rassemblement considéra ble, une femme était là, suppliant deux hom mes en blouse, agents du service sanitaire, de la laisser partir. Renseignements pris, voici quel était le motif de cette scène. Cette femme, inscrite au service sanitaire, avait été punie, pour infraction au règlement, de dix-huit jours d’emprisonnement à Saint-Lazare, et elle était venue, ce matin, solliciter un délai pour l’exécutiou de cette punition, affirmant que son enfant était gravement malade dans un hôpital. C’est devant le refus opposé à sa requête qu’elle avait pris la fuite, et que vite rattrapée elle cherchait à apitoyer les tristes individus qui la maintenaient. Ne parlons pas de pitié quand il s’agit d’a gents des mœurs : les hommes capables d’ac cepter une telle fonction ne sont pas gens à s'informer si vraiment un petit enfant est à l’hôpital et souffrira, un peu plus, de l’absence de sa mère. Mais enregistrons une fois de plus que sans jugement, sans témoins, sans avocat, une malheureuse fille a été condamnée à dix-huit jours d’emprisonnement à Saint-Lazare. Pour une peine si sévère, il a fallu seule ment le caprice malveillant d’un subalterne de la préfecture, qui dispose ainsi, en dehors de tout texte législatif, ou plutôt contre tous les textes, de la liberté d’autrui. On sait qu’une commission extraparlemen taire vient d’être nommée, qui aura pour but d’étudier toutes les réformes à apporter dans le service des mœurs, et que la 2e com mission du Conseil municipal a inscrit à son ordre du jour des débats identiques. Mais la tâche, longue et difficile, prolongera sans doute pendant de longs mois les éludes des deux commissions. Ne serait-il pas possible, dès le début et •ans attendre que le problème entier soit, so lutionné, de s’entendre, en tout cas, sur une Ciremière mesure, qui consisterait à arracher es prostituées à l’odieux arbitraire d’un fonc tionnaire de la police ? Sur ce point, il ne saurait y avoir contro verse, car personne ne pourrait contester que les principes les plus évidents de notre droit pénal sont violés de façon scandaleuse par de tels procédés. Donc, dès les premières séances, on pour rait détacher de l’ensemble du problème un point spécial, et attribuer aux filles soumises ou non une juridiction régulière. Le Parlement ne refuserait certes pas un vote d’urgence, et c’en serait fini d'un abus révoltant qui a pu trop longtemps subsister sans soulever l’indignation générale. Henri Turot....

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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