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La Petite République, 3 juillet 1899

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La Petite République
3 juillet 1899


Extrait du journal

parti socialiste belge vient d’ac corder au roi Léopold un sursis que celui-ci fera bien d’employer à se dé barrassev du ministère clérical du père Boom. Car ce n’est qu’un sursis, et, dans l’état dos esprits et des faits, il rie saurait être de longue durée. Si le roi est embarrassé par les conseils contradictoires qu’on ne doit point man quer de lui apporter do toutes parts, s’il est sourd au cri de réprobation que fait entendre la presse du inonde civi lise, qu’il ouvre une histoire de France, — à moins que son confesseur n’ait confisqué la clé de sa bibliothèque, — et qu’il lise ce qui s’est passé à Paris en juillet 1880. 11 y verra que cela ressemble furieus ment à ce qui se passe à Bruxelles en juillet 1800. Il y verra que le parti clérical, après avoir, sur les ordres de Rome, poussé Charles X A signer les ordonnances, a ôté impuissant contre la i-voüe des consciences et des bras. Il y verra aussi que, dans ces moments !t ,i(|u les peuples n’accordent point do sursis, ne se laissent arrêter dans lvur élan par aucune concession, et il estimera dès lors a son prix la grâce que vient de lui faire le peuple de Bruxelles. S’il hésite, gêné dans la décision à prendre par les objurgations des hom mes noirs qui ne veulent point desser rer leurs griffes sanglantes de dessus leur proie, qu'il tourne quelques feuil lets encore, il verra que Home ne se nourrit point de cadavres, mais de chair vivante ; qu’elle ne s’attarde pas à pleu rer sur les vaincus, mais court s’atta cher aux victorieux pour avoir sa part du butin. Il apprendra que le premier gouvernement qui reconnut pour légi times les barricades de 18150 lut le gou vernement du Saint-Siège apostolique et romain. Qu’il se hâte donc de consulter le passé, puisqu’on lui laisse une possibi lité de disposer de l’avenir. A défaut de cœur, il doit avoir un peu d'intelli gence. Si le massacre n’émeut pas sa fermeté, si les cris de douleur des blessés et les râles des agonisants le laissent insensible, qu’il songe à luimême. Il sait bien qu’il est seul au mi lieu de ses gendarmes et de ses poli ciers, que le peuple est contre lui, que, dans la bourgeoisie divisée, alors que tes fractions libérales fraternisent avec lu peuple, la traction cléricale, claque murée dans ses logis, se contente de prier le ciel pour elle. Mais il a déjà cédé.S’il feint d’hésiter, c’est pour donner plus de prix à sa décision tout en se donnant auprès des siens le mérite d’avoir résisté jus qu'au dernier moment. Il achèvera donc sa vieillesse sur ce trône chance lant. Il y sera un peu plus isolé qu'au paravant, à moins qu’un reste de cons cience vacillant au fond de son âme n’amène autour de lui les spectres de ceux qui moururent par sa faute en cette inoubliable semaine qui vient de linir. Cela importe peu aux destinées du vaillant peuple auxquelles il est censé présider. Le lion belge n’est pas un ani mal héraldique qu'on ne voit que de profil. Ceux qui l’ont vu de face, ces jours ci, s’en souviendront longtemps, et il leur sera impossible, à moins de folie, de se promettre de longs jours de sécurité désormais. Et les hardis compagnons qui l’ont réveillé, citoyens, ce sont nos frères socialistes. Tandis que nous luttions pour conserver la République et la préserver du militaire aux ordres du prêtre, tandis que,unis aux républicains de toutes nuances, nous accomplissions un acte de sagesse résignée à l'inévi table qui exigea de nous un courage à la hauteur de notre clairvoyance et des sacrifices à la hauteur du péril, tandis que le socialisme français assurait le terrain sur lequel seul peut s’édifier l’avenir, le socialisme belge appelait à la défense des libertés publiques les citoyens de tous les partis où le droit humain refuse de s’incliner devant le droit divin. La même agression, dirigée par les mêmes hommes, a vu se dresser, des deux côtés de notre frontière, les mê mes défenseurs de la justice, et en sem blable formation de combat. Mais en Belgique, les agresseurs occupent le pouvoir. Ils croyaient pouvoir affirmer hautement leurs prétentions contre le peuple. Les socialistes belges, oubliant...

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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