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La Petite République, 7 février 1904

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La Petite République
7 février 1904


Extrait du journal

HEUREUX PRESAGE Une grève d’un nouveau genre vient de se produire à Versailles. Une compagnie du régiment des chemins de for devait faire certains travaux urgents, disent les communiqués, ou plus probablement se livrer à quelques-unes de ces simagrées inu tiles avec lesquelles on occupe l’oisiveté des soldats. Le sapeur de première classe qui commandait la manœuvre refusa dcl’cxécuter, et tous ses camarades se solidarisèrent avec lui. Il fallut bientôt reconduire la compagnie à la caserne. La cause de cet incident serait l’insuffisance et la mauvaise qualité de la nourriture, dont les sapeurs sc plaignent depuis longtemps. Nous n’étonnerons personne en disant que le premier soldat et une douzaine d’autres furent peu après mis au bloc, en attendant qu’ils comparaissent devant le conseil de guerre, où l’on peut être sûr qu’ils seront Les bons amis de l’année, qui conçoivent cette institution comme un instrument né cessaire de servitude sociale, ne manqueront pas de pousser à la répression; ils ont déjà commencé. L’armée, pour eux, ne saurait exister si les soldats ne sont pas traités comme des. bêtes de somme et s’avisent de vouloir défendre leur indépendance et leur dignité. « L’indiscipline gagne du terrain chaque jour, clame la Liberté. Déjà les hommes ont perdu le respect de leurs supérieurs hiérar chiques. C’est à peine s’ils consentent à les saluer et ils sont prêts à saisir le moindre prétexte pour ne pas leur obéir. » Nous ferons d’abord remarquer à la Liberté qu’en matière d’indiscipline, les soldats ont de qui tenir. Ils n’ont qu’à imiter leurs chefs glorieux de Bretagne ou d’ailleurs, qui ne perdent pas une occasion de dire qu’ils ne dé{icndent que de leur conscience et n’ont d’autre oi que celle de notre sainte mère l’Eglise. L’affaire des soldats de Versailles est infi niment plus simple : ils ne veulent pas être empoisonnés, voit à tout. En quoi ils sont de grands coupables, mais beaucoup moins que leurs empoisonneurs. Qu’il y ait une tendance générale à s’insur ger contre le « singe », la viande pourrie et autres saletés qui Font, paraît-il, partie inté grante de l’honneur de l’armée, nous n’y con tredisons pas, et cette espèce d’indiscipline, nous ne cesserons jamais de l’encourager. En se généralisant, elfe montrera aux plus obtus qu’en somme l’armée permanente n’est qu’un mélange d’abus analogues ou pires, dont il faut absolument débarrasser la France, au nom de l’humanité. Maurice Charnay....

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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