Extrait du journal

Le conflit de la boucherie entre dans une phase nouvelle et la résistance opposée par des bouchers détaillants aux injonctions de M. Leullier pourrait avant peu donner lieu à de vifs incidents, dont auront à con naître les tribunaux. Par les soins de M. Lavayssé, che fdu service de la répression des fraudes, et de M. Martel, chef du ser vice vétérinaire, un nouveau barème vient d’être établi et sera perte à la. connaissance du public, vraisemblablement dans la jour née de lundi Mais, ainsi que nous le disons plus haut, les bouchers détaillants ne semblent pas décidés à céder. C’est ainsi que, interrogé sur les causes et les résultats possibles de ce conflit, M. Vigoureux, président dit syndicat des bou chers détaillants des Halles centrales, ré pond par la déclaration suivante : « En principe, je ne pense pas qu’un* décision des pouvoirs publics, quelle qu’elle soit, soit de nature à faire baisser le prix de la vie. s Comment, d’abord, pense-t-on pouvoir obliger un boucher à délivrer ^ne facture à ses clients ? La chose sera'a peu près impossible les jours d’affluence ou alors il faudra que la seule caissière, pour la majorité des maisons, connaisse toutes les qualités et les prix quand les vendeurs viendront lui annoncer les poids. On ne peut exiger, en effet, des « chefs », la con naissance des qualités des quelques cen taines de morceaux coupés mis en vente. « Cette facture pourrait être, à la ri gueur, délivrée dans les petites maisons et dans celles qui ne vendent qu’une seule qualité, mais il n’y en a pas dix de ces dernières sur la plaec de Paris. e Quant aux cours, le préfet de police veut les établir d’après les prix d’achat. Il est à craindre que ce procédé ne donne pas satisfaction. Sait-on, en effet, ce qui se produit toutes les semaines ? Le lundi, la viande est rare sur* le marché : elle monte ; quatre jours après, les pavillons reçoivent d’importantes quantités et c’est la baisse. « Les Halles sont une Bourse et, s’il est défendu aux mandataires d’avertir la pro duction de faits pouvant entraîner la hausse, le coup du télégramme « Henri malade, impossible venir » existe toujours et le producteur est averti ainsi de n’a voir pas à envoyer de viande ce jour-là. On vend alors au-dessus du cours en invoquant les difficultés d’arrivages. « Voilà une petite opération qui devrait attirer l’attention du préfet de police. A mon avis, le seul remède efficace serait une taxation ou plutôt une fixation des cours à la production et à la consomma tion. « On empêcherait ainsi la combinaison qui consiste, pour certains détaillants, à établir un cours entre le café du matin et le coup de cloche, parce que deux voi tures sur six ne sont pas arrivées. Mais cousentira-t-cn jamais à cette mesure ra dicale 1 » On ne saurait avec plus de franchise que M*. Vigoureux, avouer qu’il est de coupables pratiques, dont le consommateur est toujours victime, aussi faut-il se féli citer de voir M. Leullier faire preuve en ce conflit d’une ténacité dont MM. les bou chers feraient sagement de se méfier. ■ —« -e ÉCHOS »...