Extrait du journal

Nos bons patriotes ont tressailli d’allé gresse I Il parait qu’un officier de marine, s’impa tientant de ne point recevoir d’instructions do gouvernement a pris sur lui de pénétrer dans le Niger et de remonter le fleuve jusqu’à 140 milles de son embouchure. Maintenant pâmez-vous d’admiration. Les couleurs tricolores ont été s’échouer sur un banc de vase, et pendant six mois un navire français va se trouver prisonnier dans les eaux anglaises, sans ravitaillement pos sible. Ohl le beau fait d’armes. Pour nous, au risque de mériter une fois de plus l’épithète de sans-patrie, nous protestons avec énergie contre de semblables coups de tête. Voilà un monsieur qui pour attirer sur lui l’attention, pour gagner des galons aux dé pens de ses camarades, se jette dans la plus imprudente des entreprises ; il joue la vie de ses hommes pour servir son ambition; il s’in surge contre la discipline, et il aventure le drapeau sans y être autorisé. Et maintenant, nous pouvons prévoir la suite. Un de ces jours, nous apprendrons que l’audacieux officier a été massacré avec ses hommes : le Parlement, ému de l’injure faite à nos couleurs, applaudira le ministre qui viendra lui demander de la venger. Des millions seront votés, des soldats en voyés à la mort, et nous serons engagés dans une nouvelle aventure coloniale. C’est toujours la même comédie. Quand donc se lassera-t-on de prélever sur les con tribuables le double impôt du sang et de l’or pour payer les fantaisies criminelles de jeunes militaires indisciplinés. H. T....