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La Petite République, 28 août 1900

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La Petite République
28 août 1900


Extrait du journal

EchosduJpuR C'EST BIEN ÇA On connaît maintenant l’équipement du généra lissime allemand, le feld-maréchal. comte Alfred de Valdersee, pour l’expédition de Chine. Il n’y manque rien. Ce grand chef emporte, sans compter ses uni formes, des robés de chambre en piqué blanc, des chemises de nuit en soie, plusieurs douzaines de paires de bottes en cuir avec semelles intérieures en feutre, et en caoutchouc à l’extérieur, gilets avec fourrure, appareils argentés pour la cuisine, ustensiles de toilette aussi nombreux que variés. Mieux que cela quatre chiens de race que le comte adore suivent avec domestiques spécialement atta chés à leur service et caisses pleines de couver tures, de conserves et de biscuits anglais spéciale ment réservées aux chers toutous. Et maintenant on peut lire les dépêches. Elles constatent que les malheureux pioupious qui font la campagne de Chine ont à peine de quoi manger et sont obligés de se désaltérer dans la vase em pestée des marais. Mais leu chiens de M. le comte, généralissime, auront des conserves à se mettre sous les crocs. Est-ce assez ça 1II XX GRANDES DAMES Si l'on en croyait les journaux anglais et aussi quelques-unes de nos gazettes les plus mondaines, les dames de la haute aristocratie anglaise sont admirables de dévouement et d’abnégation. Songez donc) elles se sont transformées en infirmières pour aller soigner les victimes des Boers. Eh bien, il faut en rabattre. Voici en effet, d’après le Cri de Paris, ce qu’écrit une anglaise, la romancière bien connue, miss Corelli : « Nos dames de la noblesse sont terriblement dévergon dées; elles ont perdu à un tel point le sentiment de la pudeur que, mêmè dans les horribles souf frances de la guerre actuelle, elles n’ont vu autre chose qu’un prétexte à satisfaire leurs instincts vicieux. Ces dames de la Society se sont rendues dans les grandes villes des eûtes sud-africaines où elles ont organisé une sorte de campement qui n’avait d’autre but que de conquérir à l’assaut certains officiers populaires. Et l’on cite la femme bien connue d’un pair qui troqua sa robe d’infirmière contre un uniforme pour mieux arriver à ses fins. Ce sont des dames de charité et aussi comme dans la tour de Ncsles, de bien grandea dames 1 XX LE PAUVRE HOMME On sait que les curés ne cessent de se lamenter sur la pauvreté du pape, dans le but de soutirer des gros sous aux imbéciles qui les écoutent. Or, le pape possède le Vatican, avec ses annexes: l’église de Saint-Pierre à Rome, d’innombrables propriétés et vient d’hériter de 10 millions. Il pos sède a milliards 120 millions et jouit de 120 mil lions de revenus, soit 10 millions par mois, 2 mil lions par semaine, 411,000 francs par jour, plus de 17,000 francs par heure, 286 francs par minute et environ 5 francs par seconde, — sans compter la tirelire du denier de Saint Pierre, le tronc de Saint Antoine de Padoue, et l’impût que lui paient annuellement les congrégations, monastères, col lèges, églises, etc. XX ENTRE LE MOT BT LA CHOSE Ce qu’il y a souvent de distance entre la théorie et la pratique est inimaginable. Ainsi, hier, l’on inaugurait dans la Nièvre un monument à la mé moire de Vauban. Or, il existe, parmi les éloges sur Vauban, un ouvrage du grand Carnot, l’orga nisateur de la victoire. Carnot y dit le plus grand bien du savant Vauban, qui ne fut pas seulement un éminent homme de guerre, mais aussi un membre érudit de l’Académie des sciences. Et à ce propos Carnot rappelait le livre écrit par Vauban sur la Dtme royale, livre dans lequel, ayant dépeint la misère du peuple de France, il proposait la suppression d’un grand nombre de fonctionnaires et l’établissement d’un impôt sur le revenu. L’on atténd toujours ces deux ré formes I XX LES LETTRES ET LES ARTS Aurait-on enfin l’un de ses fameux musées du soir dont l’utilité et les avantages ne sont plus à démontrer t Le nouvel Hôtel des Examens de la ville de Paris est, paraît-il, beaucoup trop grand pour l’usage auquel il est réservé. Et alors on songerait à employer quelques-unes des trop nom breuses salles pour y installer le musée du soir, si souvent promis. Les œuvres exposées dans ce musée seraient prêtées temporairement par des amateurs et des fabricants, ce qui permettrait de les changer et renouveler souvent. De plus, des cours pratiques y seraient professés à l’usage des ouvriers désirant se perfectionner dans les métiers d’art. L’idée est tout simplement excellente : à quand l’exécution i Un des plus populaires parmi les philosophes allemands contemporains, Frédéric Nietzsche, vient de mourir à Weimar. Son œuvre fut sans doute inégale et paradoxale, mais on ne peut lui refuser une franchise absolue et un réel talent de polémiste. Il avait surtout une façon bien spéciale de comprendre la vie. Pour lui elle n’était ni bonne ni mauvaise. Personne, du reste, au monde n'a qualité pour juger la vie : les vivants sont trop partie dans le débat et les morts sont muets. Mais ce que Nietzsche voulait avant tout, c’est que la vie fut pour lui c exubérante », aussi luxuriante que possible, en lui et hors de lui. Il admettait tout ce qui rend la vie plus belle, plus digne d’étre vécue, plus intense. Au contraire, il rejetait tout ce qui diminue la vitalité de la plante humaine ; allant jusqu’à dire que si le bien, la vertu, en un mot toutes les valeurs vénérées et respectées jusqu’à présent par les hommes étaient nuisibles à la vie, il fallait s’en éloigner. On ne pourra donc refuser à Nietzsche ces deux choses qu’il avait au plus haut degré : la franchise et le talent Il y avait autrefois, sous l’empire, au rond-point de Courbevoie, une statue de Napoléons*', sem blable à celle qui se dressait jadis au-dessus de la colonne Vendôme. Elle j figurait sur un piédestal très élevé armé d*«o N gigantesque...

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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