Extrait du journal

Frémissez, citoyens ! Nous dansons sur un volcan sans nous en douter, et alors que nous rêvons, avec Jaurès, de la paix universelle, et que nous saluons de tout notre enthousiasme la fraternité des peuples, il parait que nous sommes menacés d’une effroyable guerre ci vile. Par des déclarations belliqueuses, les con grégations nous font en effet savoir que la résistance s’organise au sein des couvents, et que pour appliquer la loi sur les congréga tions, il faudra prendre successivement d’as saut toutes les pieuses maisons où s’abritent nos héroïques frocards. Lisez plutôt ce passage d'une interview prise par un confrère à un des plus résolus parmi les futurs assiégés : « — Vous ferez comme en82, interrogeait le journaliste, vous barricaderez les portes de vos couvents, on les enfoncera et vous sorti rez en chantant des cantiques, pour vous ré fugier en quelque maison amie. Un peu de bruit, puis, plus rien 1 « — Non pas, vous vous trompez. Si on nous chasse, nous rentrerons ; les portes fermées, nous escaladerons les fenêtres. Nous briseront les scellés s’il le faut. Nous nous ferons mettre en prison. « — On vous relâchera ensuite. «— Mais nous recommencerons jusqu’à... » La fin de la phrase se perdit, parait-il, dans le bruit que fit un nouvel arrivant, et nous lu...