Extrait du journal

...Et Dieu pour tous, dit un proverbe que les prêtres et les religieux connaissent bien pour le mettre en application. Il y a quelques jours, l'évêque ne Metz répondait par un refus tout sec à je ne sais quelles congrégations qui lui demandaient asile en son diocèse. Ce prélat trouve que les sien nes lui suffisent, et il ne se soucie pas d'en importer du dehors. D'autres religieux avaient pressenti leurs frères et leurs sœurs les moines et les nonnes de Sicile pour le même objet. Ah ! bien, la réponse ne s’est pas fait at tendre, et elle est nette, catégorique, pé remptoire, tout ce que vous voudrez, excepté aimable. I>es prêtres et les reli gieux d’un diocèse de la Capit anale ont signifié qu’ils abandonneraient leurs cures et leurs couvents si on laissait venir les congrégations françaises. Dieu est suffisamment honoré dans ce pays- Ses ministres actuels suffisent à la besogne. Us sont d’ailleurs si nombreux que malgré la piété sicilienne, ils arri vent à peine à trouver leur pitance. Dans une ville de huit mille habitants, un cor respondant du Journal des Débats a compté quarante-cinq prêtres séculiers, sans compter les réguliers. Cette affluence de diseurs d'or émus a avili singulière ment les tarifs. Une messe ne vaut plus que 1 fr. 25 ! Si la concurrence s'aggravait, le prix d’un office divin tomberait à rien, Dans ces conditions, les congréganistes de France chercheront ailleurs gîte et pi tance. Je m’étais laissé dire, au temps de mon enfance, que Dieu pourvoyait à la vie des siens : Aux petits des eiseaux il donne ta pâture. Quelle blague ! Sous la fenêtre de la maison que j’habite au milieu des bois, un ménage de chardonnerets a édifié son nid dans un rosier. Les petits ont voulu prendre leur volée l’autre jour. Us sont tombés à terre, les imprudents, et l’im placable minet, qui n'attend pas de Dieu sa pâture, mais qui la cherche où il lui plaît, s’élançait déjà sur eux. Nous les avons arrachés de sa griffe meurtrière et nous les avons mis en cage. Nous leur rendrons la clef des champs lorsqu’ils se ront en état de pourvoir eux-mêmes à leur subsistance. S’il leur fallait compter pour cela sur celui dont le même poète disait que « sa -bonté s’étend à toute la nature », ils ris...