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La Presse, 8 mars 1837

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La Presse
8 mars 1837


Extrait du journal

FRANCIS. - P&Bis, 9 mars. Nous ne tirerons aucun avantage de la position que le vote d'aujour d'hui nous donne vis-à-vis du ministère ; l'événement nous prouve que nous avions eu raison de lui dire qu'il nï marchait pas dans la voie par laquelle on parvient à s'affermir. Nous l'ayons dit assez souvent et assez fort; ce n'était point par des : lois secondaires et irritantes que l'administration du 6 septembre de vait inaugurer ses idées devant la chambre ; ce n'était point pour obte nir des garanties médiocres, impuissantes, illusoires, qu'elle devait mettre son exist ence en question, et faire évanouir toutes les espérances que sa venue avait fait naître, et que tous les amis de l'ordre avaient par tagées. Nous n'avons pas été écoutés; nos conseils, qui partaient d'un grand dévouement et d'une grande estime, èt qui étaient quelquefois peut-être un peu durs, parce qu'ils étaient toujours sincères, nos con seils oht été étouffés sous les bruyantes excitations d'un zèle plus ardent qu'éclairé, d'une amitié plus pressée que réfléchie ; enfin nous avons eu tort, et d'autres ont eu raison jusqu'à ce soir. Maintenant, les rôles changent, et néanmoins, nous le répétons, nous n'abuserons pas du témoignage que les faits sont venus rendre à nos prévisions. Les circonstances sont graves, il ne faut pas se le dissimuler. Il y a quelques années, un ministère tombé n'était qu'une place vide pour d'autres. Aujourd'hui, presque tous les hommes ont été usés, presque toutes les idées ont été .expérimentées ; si nous n'avons plus ce soir le cabinet d'hier, quelest donc celui que nous aurons demain? Où allonsnous? quels hommes choisir, quel système adopter ? Le cabinet du 6 septembre a commis des fautes graves; nous, qui l'avons encouragé et soutenu,, nous aurions peut-être plus de droits que beaucoup d'autres à lui demander un compte sévère ; cependant;, il faut bien le dire, nous sommes quelque pèu retenus Jjar la difficulté de trouver des hommes d'ordre qu'on puisse mettre à sa place. Les'choses étant âu point où elles se trouvent, il n'y a évidemment que trois partis à prendre; ou dissoudre la cjiambre ; ou lui demander un vote de confiance et la mettre en mesure de se décider à l'égard du cabinet; ou maintenir à là lettre la déclaration contenue ce soir dans la C/iarîe, c'est-à-dire faire la sourde oreille et rester. La dissolution estimpossible. Dissoudre la chambre, ce serait s'ex poser à voir grossir l'opposition, et faire un plagiat de la dissolution de 1830 ; ce serait vouloir que les 211 renouvelassent les 221 ; il ne faut donc pas y songer. Demander à la chambre une loi de confiance, c'est un parti qui a ses périls et ses avantages, mais moins d'avantages que de périls. Qui sait si l'impression que la chambre a conservée de la présentation des lois impolitiques contre l'une desquelles ejle s'est déclarée, n'agira pas sur le verdict que le ministère lui demandera? et à supposer que la chambré se déclarât pour le mfnistère, quel fonds solide faire sur une déclaration pareille ? Vient le troisième parti, celui qu'annonce la Charte, rester, rester purement et simplement, ne nous paraît une détermination digne ni dë lai chambre, ni du cabinet. Les idées ont une majesté qui ne souf fre pas qu'on la viole, et les assemblées une fierté qui ne souffre pas qu'on la brave. Nous ne comprenons qu'une seule manière pour le cabinet de main tenir la déclaration de la Charte,, et de rester, c'est de rester en se modifiant; c'est de choisir l'une des deux idées politiques qui le com posent, la plus solide, la mieux établie, la plus forte, et de l'organiser franchement, complètement, dansun ministère nouveau. La chambre a rejeté aujourd'hui le projet de loi sur la disjonction, à une majorité de 211, voix contre 2091 La situation difficile du cabinet était ce soir l'objet de l'entretien de toutes les réunions politiques. On reconnaissait unanimement que le ministère n'avait à se décider qu'entre trois partis, et qu'il serait obli gé ou de se retirer, ou de se remanier, ou de demander à la chambre im vote de confiance sur la loi des fonds secrets. En ce qui touche ce dernier parti, on reconnaissait que la difficulté générale se compliquait, d'une difficulté particulière, tirée de ce que M. le ministre de l'inté rieur, qufserait naturellement chargé de présenter et de soutenir la loi, et que l'opposition affecterait de prendre pour le point de mire dë toutes ses attaques, n'a pas l'habitude qu'il faut des luttes patiemen... taires pour ne pas faire courir de grosses chances à la fortune de la loi* ; qui serait en cette circonstance la fortune même du cabinet. Ceci nous est une occasion nouvelle de rappeler le tort que se font les cabinets qui ne se composent pas en vue de toutes les difficultés qu'ils auront à vaincre, qui font entrer toutes les amitiés en ligne de compte, et qui confondent les talents d'administration avec les talents politiques....

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La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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