Extrait du journal

différence le mal qu’elle faisait à la Péninsule, elle devait au moins s’assurer qu’il n’en résulterait pas pour elle-même un af faiblissement considérable dans sa position militaire et un amoin drissement immense de son influence politique. Avant d’aider à révolutionner l’Espagne, elle devait être certaine que la révolu tion ue se ferait pas anglaise. Eh bien 1 qu’est-il arrivé ? C’est le Courrier français qui va nous le dire : » Dans la politique extérieure de l’Espagne, nous avons les mêmes re proches à lui faire (à Espartero). L'ambassadeur d’Angleterre gouvernait à Madrid sous son nom. Espartero avait donné pour tuteur à la jeune reine M. Arguclles, qui est notoirement dévoué â l’Angleterre. Pendant qu'il proposait aux cortès de céder à l’Angleterre les îles de Fernando Po et d’Annobon, il signifiait brutalement à la France d’évacuer l’hôpital de Mahon. On dit qu’il réprimait la contrebande anglaise : cela est vrai peut-être ; mais il faut ajouter qu’il ne faisait qu’obéir ainsi aux fabricans de la Catalogne qui menaçaient, dans le cas contraire, d’insurger leurs ouvriers. Le projet d’un traité de commerce entre l’Angleterre et l’Espagne, vingt fois mis en avant et vingt fois abandonné, a été repris et mené activement depuis qn'Espartero est aux affaires. Mais nous par lons d’un projet, lorsque le traité a déjà reçu un commencement d'exé cution. .Ne sait-on pas qu'un nouveau tarif de douanes, exécutoire par provision, a été promulgué à la grande satisfaction de l’Angleterre que ce tarif favorise, et au détriment de la France à qui ce tarif enlève les débouchés dont elle était en possession ? N’a-t-on pas entendu les récla mations de la chambre de commerce de Bordeaux ? Et faut-il apprendre aux partisans français d’Ksparlero , qui s’indignaient hier encore avec nous de la conduite des Etats-Unis, que le tarif espagnol enfreint aussi les stipulations expresses des traités qui existent entre les cabinets de Paris et de Madrid? • Au mois de novembre prochain, la ligne des douanes espagnoles, qui s’arrêtait à l’Ebre, doit être reportée aux Pyrénées. La presse anglaise se réjouit à celte pensée, et le Constautiunnel n’a qu'à lire le Morntng-Gltronicle pour se convaincre que l’Angleterre considère comme un triomphe remporté sur la France, la mesure que vient de prendre le gouverne ment espagnol. » • A présent, on sait tout ce que la révolution espagnole a apporté de profits à VEspagne et à la France. L’Espagne, elle la ruine et la déchire; la France, elle la repousse et l’affaiblit ; elle crée des entraves à notre commerce, et des embarras à notre politique. Que faire avec une telle situation, cependant ? Relisez le Jour nal des Débats; et vous verrez que la révolution n'a pas de parti qui puisse, eu relevant l’Espagne, rendre à la politique française un utile auxiliaire. Que faire donc, encore une lois? « Surveiller nos frontières et nos voisins, et ne pas nous mêler dans des que relles de gueux. » C’est le Temps qui le dit; et en vérité, son étrange conseil se déduit logiquement de l’article du Journal des Débats. Nous n’examinerons pas si c’est de la dignité, de la justice, de la prudence, il sullit que ce soit de la nécessité. Mais voici ce que nous avons le droit de dire : Après avoir, par la révolution, livré l’Espagne à l’Angleterre, fermé la Péninsule à notre commerce, et abaissé les Pyrénées sous les pieds des soldats étrangers, le gouvernement français en est arrivé à ce point qu’il ne peut plus que s’abandonner au hasard des événemens....