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La République française, 16 mars 1898

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La République française
16 mars 1898


Extrait du journal

éviter à celle dont l’égarement a tant d’excuses une publicité qui peut lui être dommageable. Combien l’ont fait qui ne s’en.vantent pas? Quel est le meilleur, nous le répétons? Vaut-il mieux s’emparer d’une histoire assez banale, si attristante qu’elle soit, pour écraser la société de son indigna tion supérieure ? Vaut-il mieux, étant homme, se plier aux conditions, aux exi gences, aux servitudes de la vie, mais faire tout son possible pour réparer, dans le champ où l’on opère, les iniquités de l’humanité? Que l’on conclue. Certes, nous voulons croire que le président du tribunal de Château-Thierry n’a obéi qu’à une instinctive soif de justice et de vérité ; que la révolte de son cœur a seule tracé ces mots vengeurs ; qu’avec la haute idée qu’il a de sa fonction, il a voulu que ce cas particulier servit à l’édi fication de tous et invitât au repentir une société qui n’a pas toujours fait tout son devoir. C’est très beau, mais nous ne pouvons oublier qu’il s’agit là d’un inci dent qui aurait pu être évité sans que la société fût appelée à intervenir. C’est à Charly que le fait s’est passé, et le bureau de bienfaisance, organisa tion autonome et locale, aurait pu exa gérer un peu, en la circonstance, ses libéralités ? Est-ce que le maire n’est pas le tuteur naturel de ses administrés? Comment une telle misère peut-elle se produire, être connue même, c’est proba ble, sans qu’on s’en inquiète, sans qu’on veuille la soulager ? La pauvre femme avait tout tenté sans doute, et alors, ce n’est pas la société qui est coupable, ce sont ceux qui là-bas ont charge d’âmes, et, au lieu de crier contre la société, peutêtre serait-il équitable tout d’abord de rechercher les responsabilités. Car il y en a, c’est certain. Il y a la négligence des uns, l’indifférence des autres : il y a aussi sans doute un abus de rigidité, de tenue, de correction. Il y a plus d’une commune, autrement importante que Charly, où les pauvres sont toujours assurés du pain quotidien et à l’occasion d’un secours extraordinaire. Mais dans ce cas spécial, il n’est pas juste d’attaquer la société elle-même qui en est bien inno cente. Personne n’empêche le bureau de bienfaisance de Charly de distribuer des secours aussi largement que possible, de s’organiser comme il l’entend, de dépen ser ses revenus ou de les ménager avec prudence, comme cela se fait trop sou vent. Ce sont là toutes choses qu’il fau drait savoir avant de faire retomber sur la société une faute qui est celle de quel ques-uns, et avant de se parer, avec tant d’ostentation, d’une charité que d’au tres pratiquent avec beaucoup plus d’ef ficacité et de discrétion. Souhaitons aussi que M. Magnaud, si amer pour une société dont personnellement il n’a pas à se plaindre, se montre juste et indulgent pour tous, même pour ses adversaires politiques. A. V....

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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