Extrait du journal

A la Préfecture, dans une pièce attenant au cabinet du préfet, 1 homme que nous avons vu au beau temps des blouses blan ches causer avec Vincent Desportes dans les bureaux de VEmpire libéral, celui que les trois agents appelaient tout à l'heure le patron, s’entretient avec un personnage qui paraît fort troublé. — En somme, demande celui-ci, que di rai-je au ministre ? — Vous lui répéterez ce que j’avais l’honneur de dire, il n’y a pas cinq minu tes, à M. le préfet, qu’entre midi et une heure le Corps législatif sera attaqué. — Pourquoi, si vous êtes si bien infor mé, n’avoir pas arrêté les meneurs ? Le chef du service politique leva les épaules. — 11 n’y a pas de meneurs, répondit-il; les meneurs, aujourd’hui, c’est tout le monde. La machine se détraque; je n'ai plus mon monde dans la main. Arrêter les meneurs ! Ou arrête deux cents individus, on n’en arrête pas dix mille, viugt mille, et ce ne serait pas encore assez ! Nous avons fait le possible ; nous venons d’en voyer au Corps législatif l’élite de uos hommes, commandés par les officiers de paix les plus énergiques, les plus éprouvés que nous connaissions. — Combien sont-ils ? — Huit cents environ. — C’est peu. — C’est tout ce dont nous pouvions dis poser, et c’est assez pour former uu cordon autour du Corps législatif, c’est assez pour barrer le passage à la foule. Ce n’est pas assez pour résister à une attaque sérieuse ; mais une attaque de vive force est peu probable. Ce que je redoute, c’est l’arrivée eu masse de la garde nationale. Dans ce cas-là, les sergents de ville ne tiendront pas. — Et la troupe ?...