Extrait du journal

POLITIQUE INTÉRIEURE L’Enseignement primaire et le Sénat Ni le Sénat ni M. Jules Simon n’en sont à ce qu’on leur jette la première pierre, mais il semble que le Sénat prenne à tâche de rendre chaque jour l’effort plus difficile à ceux qui, suivant l’expression de M. Antonin Lefèvre-pontalis, considèrent l’institution des deux Chambres à l’égal d’un axiome politique. Le Sénat aurait le parti pris de soulever contre lui les susceptibilités démocratiques qu’il n’agirait pas autrement. Pour peu qu’il continue, il va se mettre en question lui-même, poser lui-même le problème de sa raison d'être, a 11 y a encore un Sénat », s’écriait l’autre jour un sénateur, au moment où le Sénat venait de rejeter le scrutin de liste : ces affirmations de la vie ne sont que trop familières aux malades. 11 est certain dès à présent que, quoi qu’ait pu dire M. le Président du conseil dans son discours d’Épinal, la question de la révision va tenir désormais une place dans les préoccupations électorales; on ne l’écartera pas. Ira-t-on jusqu’à mettre en cause l’existence même de la Chambre haute? A tout le moins, on regardera de fort près les conditions dans lesquelles elle fonctionne; on se demandera s’il est possible qu'elle réalise plus longtemps cet idéal de « Chambre de conflit » à laquelle M. le duc de Broglie l’avait destinée, s’il est admissible qu’elle vienne à chaque instant faire obstacle à la Chambre des députés. Les partisans les plus résolus du régime des deux Chambres (nous parlons des esprits loyaux qui n’avaient pas l’idée, en votant les deux Chambres, de tendre un piège à la république) n’imaginaient pas que ce régime dût aboutir à la mise en échec du corps élu qui représente directement le suffrage universel; c’est là pourtant ce qui arrive, et c’est ainsi que la Constitution se trouve sinon violée dans sa lettre, au moins...