Extrait du journal

— Monsieur, murmura Frautz, ma mère ne m’avait point trompé en m’assurant que vous étiez le plus noble et le meilleur des hommes. — Votre mère, dit gravement Otto, vous a peut être exagéré mes faibles mérites, mon enfant, mais si elle vous a dit que vous trouveriez en moi un protecteur, eh* a eu raison.... je serai votre p're. — Mou père ! exclama le jeune homme avec émotion, ali ! comme je l'aurais aimé... si je l’avais connu... Et le regard troublé de l’écolier se porta sur Otto avec une anxiété subite qui semblait dire ; — Ne seriez-vous pas, vous-même, ce père mystérieux dont ma mère me parlait et dont jamais je n’ai reçu les caresses et les embrasse ments. Otto devina la pensée de l'écolier et lui dit : — Hélas ! non, mon enfant, je ne suis point vo tr t père, mais il a été mou ami, et je le rempla cerai en ce monde, d’où il est parti trop tôt pour vous. La voix d’Otto était légèrement émue, tandis qu’il parlait ainsi, — et Frantz crut comprendre que le banquier avait aimé comme un frère celui dont le sang coulait dans s.3s veines. — Mon père est donc mort ? demanda Frantz avec tristesse. — Oui, mon enfant. — Pourtant ma mère ne me l’avait jamais dit. — Votre mère n’a point voulu vous attris ter, — murmura Otto, toujours ému et peut-être troublé au fond de son cœur. Et puis, pressant les mains de l’écolier, le roi des étudiants ajouta : — Mais chassons loin de nous ces pénibles sou venir, et causons de vous, mon ami. Ainsi, vous venez étudier à l’Université ? — Oui, Votre Seigneurie, et je tâcherai de mé riter vos bonté?. — Pour èela, dit vivement Otto, il faut me con...