Extrait du journal

Point n’est besoin d’être grand clerc pour prévoir la physiono mie de la prochaine Chambre. Trois groupements d’importance sensiblement égale et, à eux seuls, incapables de constituer une majorité, s’y partageront les sièges : la droite axée sur ta Fédération républicaine, le centre sur les radicaux-socialistes, la gauche sur les socialistes. Ces trois constellations, depuis bien longtemps, brillent avec continuité à l’horizon politique. N’en déplaise aux défenseurs des deux blocs, elles corres pondent à trois familles d’esprit, à trois tendances, à trois politiqncs essentiellement differentes. Ce fait, qu’à droite et à gauche on s'efforce à tort de minimiser ou de nier, domine toute notre vie publique; sa méconnaissance rend celle-ci incompréhensible et désordonnée. C’est lui qui rend précaire toute majorité d’union nationale ou de cartel des gauches; c’est lui qui voue à l’échec ou au reniement de son programme tout gouvernement issu de ces formations. L’union des Français (et il n’y a pas de véritable union nationale sans les socia listes, comme en Angleterre ou en Belgique) peut se faire sur un plan sentimental ou idéolo gique ou encore pour parer à un péril tel que tout doive rester en suspens; elle est im possible sur le plan proprement politique, sur un programme de gouvernement. Ht aucun parti n’a le droit de s’en faire le cham pion, car aucun ne peut pré tendre au monopole du patrio tisme ou de l’amour de la paix. Il en va de même du Front populaire; on peut le concevoir comme rassemblement de défense contre un coup de force fasciste; il est déjà beaucoup plus para doxal sur le plan électoral ; il devient tout à fait impossible sur le plan gouvernemental. Le malheur c’est que le grand rassemblement qui devrait se faire sur le centre s’opère tou jours aux ailes. On ne vole pas « pour » un programme, on vote « contre » la réaction ou contre la révolution, ce qui a pour effet de nous priver de gouvernement pendant quatre années. Situation paradoxale car, mal gré tout, le centre est le parti de la majorité des Français, bien] qu’il demeure encore celui de la minorité des électeurs. Comment sortir de cet imbroglio ? La R.P. y aidera puissamment; mais elle ne sera pas suffisante si, d’une part, les radicaux se refusent au rôle de centre et si, d’autre part, les partis situés à leur droite : Alliance démocra tique et Démocrates populaires n’ont pas le courage de colla borer avec eux en rompant sur leur droite. Chacun de ces trois partis doit, par son attitude, faciliter celle des deux autres; et à eux trois ils constitueraient une solide majorité de centre. ■iBiiiEieiiieieiEiiieiiieiiiiiaiEiaiiiiiiieiiiaimeiiiiieiiinaiei...