Extrait du journal

Deux morceaux de choix. Je ne parle pas du style, très châtié, ou nulle tournure de phrase, nulle épithète n'est abandonnée au hasard de l'improvisation, peu favorable, je crois, au talent inquiet de M' de Saint-Auban. Mais la pensée surprend par ses écarts, je veux dire par certaines audaces contre les préjugés sociaux, par un effort de critique qui s'attache, me paraît-il, à souligner avec âpreté les dérauts de nos vieilles institutions. Sur l'armée, sur la justice, sur la patrie, je note des aperças assez osés pour lin avocat - pour l'avocat de la veuve du colonel Henry. Je me souviens des railleries dont M« de Saint-Auban, usant d'ailleurs d'un droit qui lui appartient sans conteste, se montrait assez prodigue, il y a quinze jours, contre les « intellectuels », contre « les anarchistes en redingote n, et, ayant sous les yeux le volume de 1894, je retiens en souriant les jolies appréciations sur Elisée Reclus, « la belle tête grisonnante, aux yeux doux et énergiques a, sur Bernard Lazare « qui n'est ni moins bref ni moins crâne » que M. Paul Adam, sur Clemenceau dont M» de Saint-Auban cite un article concernant Jean Grave, parce que cet article, dit l'avocat, i formule bien ma pensée, parce qu'il résume à merveille le sentiment universel, l'impression des laborieux, des intellectuels, des lettrés, l'opinion dont M. Mirbeau, M. Bernard (Lazare), M. Paul Adam vous ont apporté l'écho »....