Extrait du journal

Chez tous les hommes d'aujourd'hui, âgés et conscients en 1870-1871 pour avoir senti et compris ïa défaite, non, l'apaisement ne s'est pas fait. Ils peuvent ne pas être affectés particulièrement par la perte de l'Alsace-Lorraine, ils peuvent ne pas détester les Allemands, malgré le souvenir brûlant, de la sauvage conquête, ils n'en ont pas moins gardé, malgré l'usure du temps, une sensation de vaincus, -f-t la France qu'ils portent en eux est une France blessée, non guérie. Je ne comprends ni ta germanophobie, nt l'anglophobie, etc. Je. ne donne pas ici une opinion de chauvin, de revanchard, J'entends le patriotisme eom me l'amour, non du sol, non (te3 frontières, souvent volées au hasard des batailles, mais comme l'amour des idées nées en France, delà pensée et de 3a langue des écrivain s, des hardies investigations des philosophes, des conceptions des artistes, du labeur de tous. Cette -France-là n'a certes pas été annulée par la guerre dynastique de 1870, mais sou expansion spirituelle a subi un arrêt de développement, arrêt intérieur aussi bien qu'extérieur. C'est là, à mon avis, un des maux, et non des moindres, dont nous souffrons....