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L’Avenir de la Mayenne, 4 mai 1919

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L’Avenir de la Mayenne
4 mai 1919


Extrait du journal

Nous avons des libertés et des droits autant qu’un peuple peut en supporter. On ne nous ménage pas non plus les réformes ; chaque matin nous en apporte ou nous en promet une nouvelle, souvent même avant que les précédentes soient digérées. Les « huit heu res » ont été volées par la Chambre et par le Sénat ; c’est bien, à la condition que ces huit heures soient consciencieusement employées et que les travailleurs de tous les pays soient fournis à la même loi, sans quoi ce serait la mort de l’industrie française qui ne pourrait plus soutenir la concurrence de l’étranger. On va augmenter le traitement des fonction naires ; c’est encore très bien, mais aussi à la condition que l'on diminue le nombre de ces derniers. Autrement, les contribuables finiraient par être écrasés sous le faix. Enfin, admettons que tout cela soit réglé, accompli dans les conditions les plus justes et les plus raisonnables. Après avoir conquis la liberté, à peu près toutes les libertés, n'allous-nous pas maintenant penser à l’or dre qui en est la condition indispensable et le complément, car sans l’ordre, nous l’avons démontré déjà, il ne peut y avoir de liberté pour les honnêtes gens ? Après avoir tant parlé de nos droits, n'allons-nous pas songer enfin à nos devoirs ? Après avoir obtenu des améliorations de traitements ou de salaires, n allons nous pas nous mettre sérieusement au travail ? Notre grand confrère parisien le Timps constatait, il y a quelques jours, qu’une vague de paresse déferlait eu ce moment sur le monde. En effet, le mot d’ordre est toujours de « ne pas s’en faire », le système D est encore en faveur. Et pour tant, il y a tant à faire, notamment chez nous, pour réédifier la France, pour lui rendre son ancienne prospérité, lui fournir les moyens de lutter contre la concurrence étrangère. N'allons-nous pas « en mettre » pendant ces huit heures de travail que malheureusement certains (des poilus dans la main) rêvent déjà de réduire à six ? C'est de devoir sur tout, d’application, d'acharnement au travail qu’il convient maintenant de parler. Se croi ser les bras à cette heure où le monde entier va se mettre à l'ouvrage serait une véritable trahison envers la patrie, envers nous-mêmes. Cette faute, nous ne la commettrons pas. Chacun comprendra que nous n’avons pas le droit en ce moment d’en prendre à notre aise, qu’il faut au contraire que tous donnent le maximum de leur effort. Mais pour que nous puissions travailler, produire, refaire la France, une condition est nécessaire, c'est que l’ordre ne soit pas troublé, c’est que nous ne soyons pas toujours sous la menace de bouleversements sociaux, c’est que les industriels, risquons le mot si peu en faveur qu’il soit, les « capitalistes » puissent avoir confiance. Ils se méfient et n’ont pas tout à fait tort de se méfier : dans toutes les réu nions, dans tous les congrès socialistes, on ne parle que de leur suppression, comme dans la Russie des Soviets. Il faut que nous sortions a tout prix de cttte atmosphère de troubles, d’inquiétude, d'incertitude du len demain qui paralyse la production, les affaires et qui tuerait finalement le travail et les travailleurs comme les gaz asphyxiants tuaient nos soldats dans la tranchée Plus de manifestations, plus de cortèges, plus de congrès, plus de grèves. Assez parlé, assez discuté, assez récriminé : tout le monde maintenant au travail ! Le besoin le plus urgent de l’heure pré sente, nous le répétons, c’est l'ordre, c’est la paix. Nous avons tout le reste, mais ce serait en vain si nous n’avions encore cela Les prochaines élections législatives nous four niront une première occasion de mettre de l’ordre dans la maison qui en a grand besoin, tout homme sensé ne peut s’empêcher de le reconnaître. Mais, celte occasion, gardonsnous de ne pas en profiter. Pas d’absten tions, n'est-ce pas ? Remplissons exactement notre devoir de citoyen. Allons tous voter et ne mettons qu’à bon escient notre bulletin dans l’urne Repoussons tout candidat bol chevisant. socialisant — ce qui est à peu près la même chose - tout candidat qui n’ins crira pas en tète de son programme la néces sité de l’ordre, de la concorde et du travail. Ecartons aussi les hommes qui n’ont pas accepté la République et rêvent encore d'une restauration qui serait en somme une révo lution dans un autre sens, génératrice comme l’autre de troubles et de discordes Après cela, ne regardons pas trop aux nuances qui assez souvent sont de la peinture ; pénétrons plus avant, regardons au caractère qui est l’homme et nous permettra seul de le juger Des candidats francs, désintéressés, pa triotes, ayant fait leurs preuves dans la vie privée, voilà les hommes qu’il nous faut. Avec eux pas de complaisances pour le parti du désordre, pas d’alliances douteuses, pas de révolutions à craindre. La France pourra travailler en paix à son relèvement, et c’est là avant tout le but que nous devons attein dre. Tout le reste, à l’heure si grave que nous vivons, rivalités de petites chapelles, querelles de groupes ou de partis, satisfac tion d’ambitions ou d intérêts personnels, doit être condamné sans hésitation et sans faiblesse. Gustave KAVANAGH....

À propos

Fondé en 1878, L’Avenir de la Mayenne est un quotidien régional publié à Laval, puis à Rennes. Il change de nom en 1932 pour devenir Le Républicain de la Mayenne avant de disparaître en 1942.

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