PRÉCÉDENT

L’Avenir de la Mayenne, 27 avril 1919

SUIVANT

URL invalide

L’Avenir de la Mayenne
27 avril 1919


Extrait du journal

Les hommes qui n’ont pas hésité à cons pirer avec l’ennemi contre leur patrie sont incontestablement de grands criminels et leur forfait est digne de tous les châtiments. Mais il est une autre catégorie de traîtres peut-être plus vils et plus répugnants encore ; ce sont les Français — si l’on peut leur don ner ce titre — qui par des dénonciations ont livré leurs compatriotes aux balles allemandes d’un peloton d’exécution. Et, malheureuse ment, le nombre de ces traîtres a été trop grand pendant cetle guerre Plusieurs sont connus, arrêtés, et attendent 1 heure du chàliment. Citons particulièrement les affaires suivantes : Dans Lille occupée, un représentant de commerce, Jacquet, et ses trois compagnons avaient caché et fait évader un aviateur anglais tombé dans les environs ; ils avaient de plus fait passer en Hollande des soldats français après les avoir soustraits quelque temps aux recherches des Boches. Jacquet fut livré par un individu qu il avait maintes fois obligé et qui indiqua aux policiers allemands la retraite de son bienfaiteur. Ses trois compa gnons dont l’un, contrebandier belge, avait guidé les fugitifs vers la frontière hollandaise, furent arrêtés de la même façon, et tous les quatre, fusillés à la citadelle. A Laon,une femme dénonce de bons Fran çais qui cachaient chez eux dans une chemi née d’usine deux arabes, tirailleurs algériens. Ces deux soldats furent fusillés en compagnie des personnes qui les avaient recueillis. Des maires, des médecins, des instituteurs, dénoncés pour des motifs du même genre, tombèrent aussi sous les balles du peloton d’exécution. Un misérable garde champêtre français, pour se venger d'un fermier, révéla aux Allemands que ce brave homme avait chez lui dix soldats anglais égarés Les dix soldats anglais et le fermier furent fusillés sans miséricorde. Nous trouvons aussi à Laon le fameux Toqué, cet ancien adminis trateur colonial condamné jadis pour les cruautés exercées par lui au Congo sur de malheureux indigènes. Ce misérable s’était mis au service de l’espionnage allemand, écrivait dans les journaux boches et dénon çait ses compatriotes. Toqué avait des com plices des deux sexes. Les uns et les autres sont sous les verroux. Nous ne pouvons oublier Miss Cave II dont la dépouille mortelle va. dit-on, être ramenée prochainement en Angleterre, sa patrie. Cetle femme héroïque, au péril de sa vie, cachait des blessés anglo-français et les faisait passer en Hollande. Dénoncée par un nommé Quien qu elle avait soigné, protégé et qui l’en récompensa en introduisant dans son ambulance un policier boche, elle fut condamnée à mort et assassinée par un ollicier allemand dans les circonstances tra giques que l’on conuait Et presque tous les jours, la justice militaire découvre et fait arrêter quelques nouveaux traîtres de cette espèce. Peut-on croire vraiment que des êtres à figure humaine puissent descendre à un pareil degré de perfidie et d'abjection ? Livrer ses compatriotes à la fusillade alle mande, vit-on jamais sous le ciel rien d’aussi monstrueux ? Et cependant ces êtres existent. Chacun de nous peut les coudoyer, est exposé à les rencontrer dans la rue. sans que rien nous avertisse de l’effroyable mentalité de ces misérables. Dans une de nos colonies africaines, existe une bien curieuse légende. Dieu le père était occupé à créer tous les êtres qui devaient peupler la terre. Il avait autour de lui un grand nombre de jarres remplies jusqu’aux bords de diverses pâtes axec lesquelles il les façonnait. Il puisait dans l’une et modelait un homme ou une femme ; il puisait dans une autre et faisait un tigre ou un serpent, et l’ouvrage avançait. Mais le père éternel qui a tant à faire, avait des distractions. Il lui arrivait de prendre quelquefois pour créer un homme la matière destinée à la confection de quelque bête dangereuse ou immonde. Et l’on pense quels produits monstrueux cela donnait et quelle besogne faisaient ces créatures dès qu’elles étaient lâchées sur la terre. Malheureusement, elles ont fait souche et leur infâme lignée s’est perpétuée jusqu’à nous. Ce sont ces tigres, ces chacals, ces vipères à face humaine que parfois nous ren controns pour notre malheur sur notre che min. Plus malfaisants cent fois que les redou tables animaux dont ils ont les instincts farouches — car le tigre tue pour se repaître et la vipère mord pour se défendre — nou veaux Judas, ils livrent leurs frères à la mort pour de l’argent. Espérons qu’un châtiment terrible s’abat tra bientôt sur ces tètes abjectes autant que coupables. Gustave KAVANAGH....

À propos

Fondé en 1878, L’Avenir de la Mayenne est un quotidien régional publié à Laval, puis à Rennes. Il change de nom en 1932 pour devenir Le Républicain de la Mayenne avant de disparaître en 1942.

En savoir plus
Données de classification
  • pink
  • hollande
  • poupart
  • laval la
  • jean chevalier
  • leger
  • lerouge
  • clément,
  • chabrun
  • girault
  • laval
  • mayenne
  • paris
  • russie
  • ernée
  • mans
  • landivy
  • angleterre
  • crissé
  • hameau
  • sénat
  • conseil général
  • union postale
  • alliance française
  • union
  • chiron
  • ministère du travail
  • bourse du travail