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Le Charivari, 23 avril 1851

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Le Charivari
23 avril 1851


Extrait du journal

Nous avons un chartreux à Paris, — et qui le croirait? ce chartreux c’est le docteur Véron ! Ce pieux cénobite a établi son ermitage rue de Ri voli, c’est là qu’il vit, en garçon, dans la retraite la plus édifiante. Le frère Véron ne s’est pas transporté dans une des abbayes de son ordre, parce que le salut de la société exige qu’il réside encore à Paris durant quelques années. De plus, il ne porte ni robe de bure ni capuchon, de crainte d’effrayer les petits enfans. Du reste, dans sa cellule de la rue de Rivoli, le frère Véron se trouve à portée du jardin des Tuile ries, jardin qui, le matin notamment, ressemble à une sombre foret, — c’est là que notre cénobite va lire son livre d’heures ; — puis, quand il a terminé ses prières, — il cause politique avec les loueuses de chaises et la marchande de pain d’épices. Lorsque les promeneurs arrivent en foule dans le jardin, le pieux Véron se retire : — il craindrait de se rencontrer face à face avec de jeunes bonnes qui seraient trop jolies, — cela l’obligerait à fermer les yeux, —et lorsqu’on mardi* les yeux fermés dans les Tuileries, on ne tarde pas à aller se heurter le nez contre un tilleul, à moins que ce ne soit con tre un marronnier. Nous ne pouvions donc pas blâmer le pieux Vé ron de quitter le jardin avant l'arrivée des bonnes d’enfans. De plus,tous les Parisiens reconnaissent immédia tement le pieux Véron à l’auréole lumineuse qui entoure son chapeau à larges bords; — et dès qu’ils l’aperçoivent, les enfans, même de quatre ans, s’é crient : —Tiens, voilà le père Véron ! Et alors tout le monde se découvre respectueuse ment et certaines personnes mettent même un genou en terre pour demander au pieux Véron sa sainte bénédiction. Comme les forces humaines ont une limite et qu’un homme, quelque bien constitué qu’il soit, ne pourrait pas bénir des Parisiens pendant toute une journée, le père Véron a parfaitement raison d’évi ter la foule. D’ailleurs, en cela comme en toutes choses, il suit les conseils de ses vénérables co-pères Montalembsrt, Veuillot et Gondon. S’il n’en agissait pas de la sorte, je ne serais pas...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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