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Le Constitutionnel, 19 septembre 1832

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Le Constitutionnel
19 septembre 1832


Extrait du journal

MA. JUSTIFICATION. pab barthelemy. Nos lecteurs peuvent ignorer comment il se fait que M. Barthélémy pu blie aujourd'hui sa justification ; car nous n'avons jamais admis dans le Constitutionnel les accusations qui, sur de simples bruits, ont été diri gées contre ce poète. Nous ne sommes pas si prompts , nous, à con damner , à flétrir ceux que, depuis longues années , nous sommes habi tués à voir dans nos rangs combattre les véritables ennemis de la cause nationale. Nous n'accueillons pas à la légère les. rumeurs diffamatoires qui, au milieu de la lutte des passions politiques , s'élèvent contre un écrivain dont la plume a si puissamment servi les libertés publiques dans un temps où ses accusateurs n'ont pas paru sur la brèche. Laissons donc l'auteur luimême mettre nos lecteurs au courant des on dit qui sont venus tout-àcoup l'assaillir dans sa retraite ; laissons-le raconter lui-même ce qui lui a inspiré cette nouvelle production d'un si remarquable talent. « J'étais à la campagne, dit M. Barthélémy dans son prologue , souf frant des travaux pénibles que m'impose ma cruelle position de poète j souffrant de deux atteintes successives de l'épidémie, et, pour gagner ma vie , me fondant en sueurs sous le .poids immense de mes Journées de la Révolution. Eh bien ! quand après huit ans de combats pour la liberté , après la brûlante période ae Némésis , seul, sans place, sans distinctions, sans pensions, sans croix d'honneur, quand je traînais' encore la charrue littéraire pour vivre de mon sillon , savez-vous ce que j'étais ?. J'étais un transfuge, un traître à mettre au ban des natioas. Les rigides Catons étaient ceux qui se dandinaient sur les boulevards, qui couraient la cou lisse , festoyaient les maigres figurantes, et soufflaient la calomnie contre moi ! . » Un ami vint m'annoncer que j'étais vendu !—Bien cher,? lui dis-je. — Cela varie , reprit-il ; on n'est pas fixé sur le prix : cela varie de 4 à 100,000 f.» Il allait poursuivre, car les amis, en général, aiment de passion à neus rapporter ce qui nous afflige ; je l'arrêtai net, et je lui dis que j'a vais autre chose à faire que de répondre à ces bruits; que depuis huit ans on m'avait vendu vingt fois à tous les ministères ; que , du vivant de Nemésis, on me vendait aussi tous les dimanches , quand je me délassais dans une livraison purement littéraire ; qu'enfin j'étais habitué à toutes ces ventes-là. » Je reçus plusieurs visites successives de ce genre, et comme tous ces amis officieux n'étaient pas des collaborateurs à mes Journées poétiques , je me vis forcé de les écondaire poliment, pour ne pas mourir de faim à l'automne. . » Les visites continuèrent : alors je mis un registre dans mon vestibule, avec prière d'y inscrire tous les bruits nouveaux. Voici copie de cet album. » Chaque article commence par ces deux mots , qui, depuis le dicitur latin , sont toujours la préface d'une fausseté; ces deux absurdes mots : ON dit. » On dit que vous avez signé un pacte avec le ministre, comme les sor ciers du moyen âge avec Satan , et que vous en avez reçu 17,000 f. » Idem, avec ces variantes : 22,000 f., 39,000 , 41,000, 57,000, 88,000, 100,000, 157,000. » On dit que le ministre vous a fait appeler, et vous a dit : Mon cher Barthélémy, voilà Sénèque, traduisez-le envers, et je vous donne 60,000f. ; en voilà 10,000 d'arrhes. » On dit que le ministre vous a confié la traduction de la Pharsale , de Lucain ; il vous a offert 60,000 f. pour cela, mais vous en avez demandé , vous, 100,000 ; je vous conseille , mon cher Barthélémy , de ne pas mar chander pour '<0,000 f. ; avec votre facilité vous aurez traduit la Phar sale en trois mois, et c'est joli 60,000 f.! J'espère que vous m'en prêterez 500 dont j'ai besoin....

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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