Extrait du journal

narchie féodale , cette vie isolée de fiefs et de châteaux , cette société à part, élevée , grandie sur les débris qu'elle'fait autour d'elle , d'avec la réaction qui s'opéra depuis le 12e jusqu'au 15? siècle, quand la royauté livrait bataille aux désordres de l'arbitraire féodal ; et, plus tard, quand les têtes, des grands vassaux furent tombées sous la main de Louis XI et de son compère , ils ne savent pas , nos pauvres faiseurs , suivre la tendance de la royauté à exploiter à son profit la puissance et l'arbitraire qu'elle venait d'humilier et d'abattre,chez 'es grands barons ; ils ne nous font pas voir la bourgeoisie profitant, pour se grandir, des coups que se portaient les rois et les seigneurs qui, tour à tour,réclamaient son assistance, qu'elle se faisait payer en droits, libertés et franchises ; assistance qu'elle se gardait de refuser, sachant bien , l'avisée qu'elle était, qu'en aidant ses deux ennemis à s'entre-détruire , tout lui deviendrait bénéfice ; ce qui ne manqua pa3 d'arriver. On sait combien le peuple a eu facilement raison de la royauté , grâce à Richelieu , qui avait fait disparaître les dernières têtes de la grande aristocratie qu'elle était si intéressée à soutenir, comme con dition de son existence , et qui ne pouvait à son tour exister et avoir de force que par la royauté. Mais toutes ces nuances dans les mœurs, tous ces aperçus dans les pro grès de notre civilisation politique et sociale, ne tiennent pas la plus petite place dans nos romans prétendus historiques; ou si, par fois, on lesytrouve, c'est pour les*voir faussés , dénaturés , et dans un tel état de confusion et d'anachronisme de temps et de lieu, qu'on dirait d'un tableau fraîchement peint sur lequel on a passé une éponge mouillée, et où l'œil le plus exercé serait impuissant à reconnaître le dessin, la couleur et les tons primitifs. Et, tenez, l'Ecolier de Cluny, par exemple ! Vous avez tous vu , j'i magine, la Tour de N'este, ce drame qui a fait du scandale sous plus d'un rapport ; je pense que vous en avez au moins entendu parler, ce qui, Dieu merci ! me dispense de vous donner l'analyse de l'Ecolier de Cluny. Dans le roman, ainsi que dans le drame , il s'agit d'une reine de France, qui, la liuit, fait le guet aux passans , les invite à monter chez elle, et le lendemain les fait éteindre en Seine. Seulement le héros du livre est l'é colier Buridan , devenu célèbre depuis par un hardi sophisme , au lieu d'être le page Lionel, comme dans le drame. Du reste, l'un comme l'autre •survit à l'aimable attention de la reine, qui pourvoyait si amoureusement à la destinée et au dernier gîte de ses amans de nuit. N'est-ce pas que cette...