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Le Constitutionnel, 9 juin 1844

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Le Constitutionnel
9 juin 1844


Extrait du journal

PARIS, 8 -En*. M. le ministre des travaux publics, en ssumettant à la chambre le projet de loi sur le chemin de fer de Paris à Lyon , limitait, Îuant à présent, l'exécution de cette ligne à Ghâîon-sur-Saône, a voie, fluviale devait, dans sa pensée, compléter le parcours jus qu'à Lyon. Avant que la commission eût prouvé l'insuffisance de ce complément de parcours, il était surabondamment établi que la Saône offrait pendant une partie de l'année de telles difficultés à la navigation, qu'il était impossible de la considérer comme le pro longement utile du chemin de fer. Ou ne,conçoit dès-lors pas com ment M. Durnon a pu ainsi scinder cette entreprise et rompre la principale artère du réseau général des chemins de fer. Aussi la première décision de la commission a—t—elle été de prolonger la liË' ne jusqu'à Lyon. Le rapport de M. de la Tournelle n'avait pas esom de justifier cette décision; elle tombe sous le sens, et si l'on voulais moutrer des scrupules financiers, ils auraient dû se pro duire ailleurs .que sur la ligne du nord au sud , ligne commer ciale, politique et militaire à la fois ; « soit„ pour nous servir des termes de M. de la Tournelle, qu'elle nous assure le transit de l'orient et du nord, soit qu'elle rapproche Paris, c'est-à-dire le gou vernement, de deux frontières, de deux mers et de la France d'A frique, soit qu'elle mette en communication rapide et sûre les deux boulevards delà défense nationale. » Comme toutes les directions qui seront dotées de chemins de fer, celle de Paris à Lyon a vu se produire un grand nombre de tracés. Trois de ces tracés ont été examinés avec une attention particulière par la commission : le tracé de la Seine, celui de l'Yonne, et celui qu'on est convenu d'appeler le tronc commun, dont la partie comprise entre Paris et Troyes aurait servi en même temps à la ligne de Strasbourg et à celle de Lyon. Le premier de ces tracés suit la Sgine dans tout son courq, desservant Nogent, Troyes, Bar et Châtillon ; le second em prunte d'abord la vallée de la Seine, puis celles de l'Yonne , de ï'Armançon, de la Brenne et de l'Oze , touchant à Sens, Joigny , Tonnerre, et passant à quelques lieues d'Auxerre. L'économie qui résultait de l'adoption du tronc commun est évidente : c'était une affaire de 20 à 25 millions , en prenant Troyes pour point de bi furcation. La ligne par la vallée de la Seine jusqu'à Dijon , abs traction faite de ses relations avec la direction de Strasbourg, of frait d'un autre côté encore, d'après les évaluations mêmes de la commission, une économie de deux millions et une distribution de rampes et de pentes infiniment plus heureuse que celui de l'Yonne. Ce dernier traverse le col départagé dans un souterrain de 3,720 mètres. Le tracé de la Seine n'offre aucun obstacle de cette natu,re ; il ne présente surtout point cette singulière anomalie qu'on trouve à l'extrémité du tracé de l'Yonne, et qui consiste à faire re venir le voyageur sur ses pas pour gagner Dijon. La commission s'est cependant prononcée pour le tracé de l'Yonne. On a dressé pour chacun des tracés qui ont été examinés par la commission des statistiques fort détaillées, au moyen desquelles on a.établi sans peine la supériorité de chacun de ces tracés. On sait aujourd'hui ce que c'est que la statistique, surtout quand elle est dictée par des intérêts. C'est ce qu'il y a au monde de plus fantastique et de moins concluant. Au premier abord, on pourrait croire que tout cela doit être exact,, parce que l'arithmétique y est mêlée. Point ; on fait de notre temps des romans parfaits avec des chiffres; seulement ils sont illisibles. Nous croyons que, pour avoir une idée d'une ligne, le premier traité élémentaire de géo graphie fournira plus ae lumières à un observateur intelligent que toutes les statistiques officielles ou privées qu'on fabrique à l'ap pui d'un tracé. Ainsi tout le monde vous dira que Provins, No gent, Troyes, ont une toute autre importance commerciale et in dustrielle que Montereau, Sens et Joigny. Quiconque a passé par là n'en doutera pas. Cela n'empêche pas que les partisans du tracé de l'Yonne ont précisément prouvé le contraire par des milliards...

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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