Extrait du journal

Oh avant-hier matin, la chose paraissait certaine. M. Paul Félix, puisatier à Aulnay-sousBois, en creusant un puits à Gif, avait rencontré une nappe rougeâtre, mêlée de paillettes brillantes qui ne pouvaient être que de l'or. Mais, déjà, avant-hier soir, la découverte paraissait beaucoup moins certaine, et l'on allait jusqu'à prétendre que M. Félix avait été le jouet d'une illusion. Et c'est ce que le Gaulois répétait hier matin. Mais la journée d'hier ranima tous les espoirs et suscita des rêves enfiévrés. S'il n'était pas certain que les paillettes brillantes fussent de l'or, il n'était pas certain qu'elles n'en fussent pas. Une poignée de ces paillettes fut envoyée à Paris par un homme sûr, qui se chargea de la soumettre à l'examen du laboratoire municipal. Une autre poignée fut remise à M. Damne, directeur du laboratoire d'essai de substances radioactives de Gif. On ne saurait attendre de réponse de l'un ou l'autre laboratoire avant les premiers jours de la semaine prochaine. D'ici là, nous pouvons échafauder les plus brillantes et les plus séduisantes chimères. Tout de même, si nous avions une mine d'or en France! Il y aurait, d'abord, quelqu'un à qui ça ferait joliment plaisir. C'est M. Scher, ancien receveur buraliste, propriétaire à Gif, qui avait chargé M. Félix de forer un puits dans son jardin. Voilà un jardin qui produira des pommes d'or. Et voilà un puits dans lequel la Vérité, si elle se trouve trop peu vêtue, trouvera de quoi se faire habiller à la dernière mode. Et ainsi, une fois de plus, le vrai pourra n'être pas vraisemblablé....