PRÉCÉDENT

Le Globe, 28 septembre 1824

SUIVANT

URL invalide

Le Globe
28 septembre 1824


Extrait du journal

parties dont l’une est restée à Dresde, et Vautre, sous la conduite de son chef, donne maintenant des représentations à Berlin. Sarthé n’a avec lui que deux acteurs et une actrice. On a peine àscfigurercequedoiventdeveuir nos jolies pièces soumises à des coupures, ou défigurées par des substitutions de rôles. Cependant le parterre de Berlin est enchanté ; et, soit attrait de nouveauté, ou charme de notre vive gaieté et de notre grâce légère, s’exprimant dans sa langue ma ternelle, et dégagée des lourds agréments de la traduc tion allemande, les critiques ne tarissent pas en éloges; Sarthé est à leurs yeux un excellent comique, plein de verve et de franchise, formé, disent-ils, sur le modèle de Potier. Un peu plus sévères pour ses deux camarades, et surtout pour l’actrice, qu’à part toute galanterie, ils jugent au-dessous du médiocre, ils n’en prennent pas moins oc casion de faire la leçon à leurs acteurs, en leur offrant nos voyageurs comme exemple de décence et de tenue en scène. Ces reproches, qui d’ailleurs peuvent donner une idée de la critique prussienne, présentent un tableau assez curieux de la scène allemande : nos lecteurs nous sauront peut-être gré de le placer sous leurs yeux : « Vous pourriez apprendre, disent-ils, de ce petit nombre d’acteurs français, lors même qu’ils jouent la plus insignifiante des pièces, telle chose dont ne se doute nullement votre haute sagesse ; d’abord à savoir vos rôles convenablement; puis à les jouer avec décence. Voyez-vous jamais un acteur français se tenir comme en chaîné devant le trou du souffleur sans oser s’en éloigner, et jeter tantôt des regards embarrassés sur le parterre, tantôt un coup d’œil furieux au malheureux chargé de secourir sa rnémoiiv troublée? Les voyez-vous s’arrêter inquiets au mi lieu d’une phrase et la terminer enfin à tout hasard ? Ces pauses absurdes et trop fréquentes occasionent des lon gueurs et un ennui intolérables, et tel morceau qui ne dure que trois quarts d’heure sur la scène française, se traîne chez nous pendant toute une seirée. Chez les Français, les répli ques sont vives et faciles; aucun acteur ne parait avant son tour; aucun ne se retire à contre-temps; tous possèdent les principes indispensables d’une saine prononciation; tous connaissent et parlent la langue delà bonne société; et de là résulte cet ensemble, cette unité, qui répandent un charme enchanteur sur une représentation française. Chez nous , au contraire, le désordre et la confusion régnent sur la scène; chacun se croit un génie, néglige les traditions et veut créer ou modifier son rôle; d’où il arrive assez souvent qu’un émi nent personnage, une excellence , se comporte comme un vieux gentillâtre de village, la soubrette comme une dame de haut parage, et plus souvent encore la grande dame comme une villageoise. » Si ce tableau n’est point chargé, quelle idée le critique prussien nous présente de l’art dry£ matique en Allemagne! FRkxcvoBLT-sur-le-Mein. — Il y a quelques années, Fi fort n’avait ni muséum ni société d’histoire naturelle,!...

À propos

Fondé en 1824 par Pierre Leroux (1797-1871) et Paul-François Dubois (1793-1874), Le Globe a traversé plusieurs phases très distinctes : de publication strictement littéraire, la rédaction – regroupant plusieurs universitaires – s’est peu à peu intéressé à la politique et à l’économie, via le saint-simonisme.

En savoir plus
Données de classification
  • paterson
  • mittau
  • dorpat
  • sarthé
  • berlin
  • allemagne
  • russie
  • dresde
  • riga
  • moscou
  • n. z