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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne, 9 octobre 1892

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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne
9 octobre 1892


Extrait du journal

Jeudi, au sortir de la Chambre syndicale, à neuf heures, une procession de 2,500 per sonnes s’est formée qui a couru, pendant trois quarts d’heure, les principales rues de la ville en chantant la Carmagnole et sur l’air de : C'est sa poire : « C’est la grève, la grève, c’est la grève qu’il nous faut I » En tète, un groupe de jeunes gens de dixhuit ù vingt ans, porteurs soit d’un drapeau rouge, soit d’un drapeau tricolere enroulé de manière à n’en laisser flotter que le rouge, puis les organisateurs du parti, MM. Duc-Quercy et Baudin, avec M. Calvignac en serre-file ; puis une bande de garçonnets de neuf à douze ans avec un second drapeau rouge, puis la bande interminable des femmes, toutes se tenant par le bras, sur quatre ou cinq de front, avec des drapeaux tricolores, cette fois, et hurlant de leurs voix pointues, entre autres couplets de la Carmagnole modernisée, celui-ci, qui paraît un des plus goûtés : Petit Loubet avait promis De faire égorger tout Carmaux ; Mais son coup a raté, Grâce à nos syndiqués. Dansons la Carmagnole, Vive le son ! Dansons la Carmagnole, Vive le son du canon ! D’autres chantent des couplets sur la Vierge, couplets que lappellent d’assez près la fameuse chanson de Ravachol. Le tout est pontuô de temps à autre par un cri isolé de : 4 Vive la Révolution 1 » Imaginez-vous cette scène, sous la lune,à demi voilée par les nuages, avec ces femmes de tout âge, un fichu blanc sur la tête, ces fillettes dont beaucoup n’ont pas dix ans, ces grandes filles en cheveux, aux ailuros débraillées, ces vieilles au pas trop court, dont quelques hommes, postés de distance en di tance, sur les tlancs de la colonne, activent la marche inégale en criant : 4 Ser rez les rangs t » La procession,au cours de sa promenade, a passé devant le presbytère. Là, les hur lements ont redoublé, on a poussé des : « Hou I hou ! » répétés, on a crié : « A bas les calotins ! Nous voulons mourir sans les voir ! A bas les calotins 1 » A neuf heures trois quarts, la sinistre procession prenait fin. Les commerçants de Carmaux, qui, rangés sur leurs portes, l’avaient regardé passer, rentraient chez eux moins impressionnés qu’on ne l’eût cru, ♦an* ils ont dijà vu, a d’autre? époques "e spectacle....

À propos

Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.

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