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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne, 29 novembre 1907

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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne
29 novembre 1907


Extrait du journal

pour que dans un but de haute moralité elle ordonne l’enquête sur les opérations électorales de la première circonscription de Saint-Quentin. Il s’est, en effet, passé des faits que je qualifierai de scandaleux. Dans la semaine qui a précédé le deuxième tour de scru tin, est apparu dans la bataille électorale un individu nommé Renard, connu dans le monde ouvrier comme un anarchiste militant. Il était venu à Saint-Quentin pour combattre M Ringuier. Continuellement on nous reproche de nous associer aux anarchistes. Je m’étonne donc qu’on fasse appel aux anarchistes pour sauver des candidats gouvernemen taux en péril. C’est d’autant plus regrettable que cet anarchiste porte le même nom qu’un syn dicaliste militant de Lille, Victor Renard, qui, depuis longtemps, fait de la propa gande à Saint Quentin. Les affiches du compagnon Renard ont donc pu laisser flotter un certain doute dans la masse électorale, surtout si l’on songe que M Frédéric Hugues n’a été élu qu’à 53 voix de majorité. Ce fait seul prouve que l’élection n’est pas claire et que pour assurer l’honnêteté des opérations électorales une enquête s’impose. C’est à quoi je conclus. M. Dulau, rapporteur. — M. Allemane se plaint que M. Ringuier n’ait pas été en tendu par le bureau. Or, le président du bureau est notre collègue Delbet, dont tout le monde reconnaît l’entière loyauté. Si M. Ringuier avait manifesté le désir d’être entendu, il l'eût été ; mais ce désir n’a pas été manifesté. J’ai examiné avec le plus grand soin tous les griefs allégués par M. Ringuier contre l’élection de M. Hugues. Ils ne re posent sur aucun fondement sérieux. M. Durre nous a dit qu’entre le premier et le second tour de scrutin s’était pro duitc la candidature d’un compagnon anar chiste, que ce compagnon, nommé E.-V. Renard, portait le même nom que le ci toyen Renard, qui occupe une grande place dans le parti socialiste à Saint-Quen tin, et que, par conséquent, le parti socia liste avait pu être trompé par la similitude de nom. Or, j’observe que le compagnon Renard a ouvertement combattu, non pas M. Rin guier, mais M. Hugues. (Réclamations à l’extrême gauche.) J’ai là des placards et des extraits de journaux dans lesquels M. Hugues est attaqué avec violence. (Inter ruptions à l'extrême gauche.) Mais il y a mieux que cela. Savez-vous combien M. Renard a obtenu de voix ? 2 voix seulement. Dans ces conditions, l’argument est il bien sérieux ? Je conclus, comme votre bureau, à la validation de l’élection. A la majorité de 467 voix contre 76, sur 543 votants, la demande d’enquête n’est pas adoptée. En conséquence, M. Frédéric Hugues est admis. Les biens d’église La séance du matin consacrée à la dis cussion de la loi de dévolution, avait été mouvementée. Le texte en discussion était ainsi conçu : « Toute actiou en reprise, qu’elle soit qualifiée en revendication, en révocation ou eu résolution, doit etre introduite dans le délai ci-après déterminé. « Elle ne peut être exercée qu’en raison de donations, de legs ou de fondations frieuses, et seulement par les auteurs et eurs héritiers en ligne directe. » Après une vive discussion, on passa au vote. L’épreuve parut douteuse et un cer tain nombre de députés demandèrent le scrutin public. Finalement, d’un commun accord on remit le vote à l’après-midi. Après la validation de M. Hugues, on re vint à la discussion du matin. M. Beauregard essayait de mettre le rapporteur dans l’embarras. La gauche protestait quand de droite, une voix, celle de M. Delahaye, lança ccs mots : « — On fera payer cela au ministre quand il sera à la tribune ; on lui rappel lera Saint-Nazaire!(Protestation à gauche.)» M. Briand, très calme, se borna de ré pondre : « — Cette interruption caractérise votre politique, monsieur Delahaye ! » M. Delahaye violemment riposta : « — Mon caractère vaut au moins le vôtre, car vous n en avez pas I (Protesta tions à gauche.) » M. Briand se leva alors et, soutenu par la gauche: « — Votre interruption, dit-il, l’allusion qu’elle contient, venant après les basses polémiques dirigées contre moi, indiquent a quels procédés ignominieux vous êtes...

À propos

Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.

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