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Le Petit Journal, 5 octobre 1891

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Le Petit Journal
5 octobre 1891


Extrait du journal

et que chaque jour qui passe nous rap proche de cette échéance du 28 février 1893 après laquelle il n'y aura plus rien à espérer. Telle que la question est posée dans notre pétition; elle est bien posée. Les porteurs de titres de Panama demandent que le gouvernement intervienne en leur faveur, comme il est intervenu en faveur des intérêts- bien moins considéra bles que compromettaient la chute du Comptoir et celle de la Société de Dé pôts; c'est une demande juste, raisonna ble, et nous avons le droit-de compter qu'il y sera fait droit, attendu que nos repré sentants ne sauraient admettre qu'il peut y avoir deux ..poids et deux me sures, et que ce qui a été poss'ible lors que l'argent des gros capitalistes était en jeu devient impossible quand il s'agit de sauver l'épargne des petits. Une appréhension qu'on nous permet tra de trouver singulièrè se serait empa rée de certains porteurs de titres, si nous en croyons dés lettres .-que nous avons reçues. Quelques-uns hésiteraient à donner leur signature dans la crainte qu'on les considère comme des naïfs, disons le .mot, comme des gogos. Voilà, une crainte que nous ne concevons guère. Pourquoi gogos ?. Parce que le canal n'a pas été achevé dans lés délais prévus et avec le capital réuni? Mais on oublie que tout le monde a cru en France etmême à" l'étranger à la réussite dé cette entreprise, et que les ingénieurs les plus compétents, envoyés dans l'isthme à la demandé du liquidateur, M. Brunet, ont déclaré que le percement est possible. N'a-f-on pas fait le canal de Suez? N'avait-on pas, avant l'ouverture du ca nal, soulevé les mêmes critiques que lorsqu'il s'est agi de percer Panama? A entendre une foule de gens et parmi eux des savants patentés, l'entreprise était impossible, absurde; on nous menaçait de cataclysmes épouvantables le jour oh le canal serait ouvert. Les eaux de la mer Rouge devaient se précipiter dans celles de la Méditerranée ou celles de la Méditerranée dans la mer Rouge, je ne sais plus au juste. Le canal devait s'ensabler, les berges combler le canal, que sais-je? Et, cepen dant, les gens qui ont donné leur argent pour le canal de Suez et qui pouvaient passer,- eux aussi, pour des gogos, sont considérés maintenant comme des gens heureux et habiles ; ils touchent de très gros revenus et leur fortune se trouve déjà presque sextuplée. . Non, les capitalistes petits et grands qui ont eu confiance dans; cette œuvre gigantesque du percement de l'isthme de Panama ne sont pas plus des gogos que ceux qui ont donné leur argent pour faire'le canal de Suez, pour construire les premiers chemins de fer ou bien pour établir des galeries de douze et quatorze mille mètres sous le Mont-Cenis et sous le Gothard où le manque d'air, disait-on, tuerait infailliblement voyageurs et mé caniciens. Laissez donc dire ceux qui se posent en hommes forts parce que la première ten tative mal .conduite a échoué. Cette en treprise était possible, elle n'a pas été accomplie, mais elle le sera un-jour on l'autre, et les gens qui ont voulu qu'une aussi grande œuvre fût due, après Suez, au génie et à la-puissance de la France,...

À propos

Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.

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